Si le visuel habillant la seconde offrande de Midnattsol noue plus d’un lien avec son aîné, le remarqué Where Twilight Dwells – paysages nordiques quasi identiques, la présence à nouveau de la radieuse de Carmen Elise Espenaes, cette fois accompagnée par la tout aussi charmante bassiste Birgit et cette même invite à les jeunes femmes qui ont quelque chose de gardiennes de portes invisibles vers un autre monde -, Nordlys témoigne que le groupe a eu raison de prendre son temps (près de trois ans tout de même) pour le livrer car les progrès sont incontestables et l’identité autrefois mal dégrossie est aujourd’hui bien affirmée. Certains mauvaises langues n’avaient pas manqué de comparer Midnattsol à Leaves’ Eyes, navire de la sœur de la chanteuse, Liv Kristine, artiste que l’on ne présente plus (même label, même producteur, des voix féminines très proches), à raison. Les Norvégiens, quoiqu’ils continuent de creuser le sillon d’un gothic metal épique coloré de teintes folk, ont décidé de couper les liens unissant les deux formations. Cette rupure passe déjà par le recours à un autre technicien qu’Alexander Krull (sauf pour les parties vocales de la jeune femme). En choisissant Markus Stock (Empyrium, The Vision Bleak…), producteur de tout le catalogue Prophecy ou presque, ils étaient assurés de pouvoir s’appuyer sur un son moins stéréotypé, plus organique, plus épais, plus lourd (c’est particulièrement probant en ce qui concerne les rythmiques). Moins lisse aussi.
Cela leur correspond davantage car Midnattsol n’a rien à voir avec la musique gentillement metal de Leaves’ Eye, excellente au demeurant. Nordlys a une autre ampleur, possède une profondeur, une noirceur (« Konkylie ») qui doivent sans doute beaucoup à la paire de guitariste constituée de Daniel Droste et Christian Hector, dont les goûts se dirigent plus vers le doom (leur groupe Ahab en est un des fers de lance) que vers la pop. Leurs lignes de guitares forment désormais le socle que la voix, plus singulière qu’il n’y paraît, de Carmen survole, souligne de sa puissance. Celle-ci n’est plus l’unique clef de voûte de l’édifice, ce qui fait toute la différence. De fait, la musique s’est naturellement durcie, tandis que le groupe a gagné aussi en qualité d’écriture. Plus denses, mieux construits, ces nouveaux titres sont nettement plus ambitieux et finissent par ne plus vous quitter (« Open Your Eyes », « Skogens Lengsel »). Enfin, les Norvégiens savent sculpter des images fortes. D’une beauté à couper le souffle, des perles telles que « Northern Light », « Race Of Time » et « En Natt I Nord », aux mélodies folk irrésistibles, distillent un pouvoir d’évocation énorme. En les écoutant, on se sent transporter dans ce Grand Nord si mythique. Un grand disque en définitive qui ouvre un avenir des plus prometteurs pour Midnattsol. A noter que l’édition limitée est agrémentée d’un morceau supplémentaire, superbe, chanté par Daniel Droste. (2008) ⍖⍖⍖
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