Unique album du fougueux guitar-hero publié sous la bannière éphémère du Gary Moore Band, Grinding Stone, sa première œuvre solo qui plus est, a sombré depuis dans les limbes de l’oubli, ce qui est pour le moins injuste tant on tient là un disque en tout point remarquable. Pourquoi un tel déni, aussi bien de la part du public que de son auteur qui ne lui rend quasiment jamais visite ? Peut-être le fait d’être isolé entre divers participations de l’Irlandais alors très volage, qui passe d’un groupe à l’autre, le temps de deux ou trois productions. Ainsi, en l’espace d’une quinzaine d’années, l’homme joue successivement dans Granny’s Intentions, puis Skid Row et Dr Strangely Strange ; enregistre ce Grinding Stone ; part ensuite dans Collosseum II, avant d’atterrir chez Thin Lizzy ; à l’aube des eighties, il fonde le G-Force et participe au Greg Lake Band ; et finit par durablement (cette fois) entamer une vraie carrière solo. Ouf ! Pourtant, cette cuvée séminale habillée par une pochette aux connotations sexuelles évidentes mais sympathiques, demeure plus que jamais du pur Gary Moore. En six titres seulement, mais dont deux d’entre eux avoisinent ou dépassent carrément les dix minutes au compteur, le musicien donne libre cours à son immense talent à la six cordes.
L’instrumental éponyme en guise d’ouverture fonctionne à ce titre comme une démonstration éclatante. Les notes pleuvent, la guitare hurle, mais toujours le feeling est là qui évite au morceau d’être un stérile déluge d’accords. Le superbe « Sail Across The Mountain » montre que déjà à l’époque, Gary Moore n’a pas son pareil pour accoucher de grandioses balades énergiques et émotionnelles. Surtout, Grinding Stone témoigne, sans doute davantage que ses albums solo des années 80, que l’orientation plus bluesy que Moore prendra à partir de 1990 ne sera pas une rupture mais plutôt un retour à des premières amours. « Time To Heal », « Boogie May Way Back Home », qui sent bon les Bayous avec sa slide infernale et le monumental « Spirit », feu d’artifice quasi instrumental de plus de 17 minutes, éjaculation sonore sans fin (le rêve !) en constituent la parfaite illustration, quand bien même le blues y est ici bien burné ; au point que la filiation au hard rock ne peut être contestée, contrairement aux futurs Still Got The Blues ou After Hours. Méconnus donc, ces premiers pas en solo de l’Irlandais sont peut-être pourtant ce que celui-ci à composé de mieux, ne serait-ce déjà grâce à cette délicieuse patine seventies aujourd’hui forcément révolue qui confère cette couleur chaude à l’album. Une perle rare à (re)découvrir d’urgence ! (29.07.2007) ⍖⍖⍖
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