CinéZone | Claude-Bernard Aubert - Adieu, je t'aime (1988)


S'il n'a jamais tout à fait renoncé au cinéma traditionnel, comme l'illustrent L'aigle et la colombe (1977) ou Charlie Bravo (1980), il faut véritablement attendre la seconde moitié des années 80 pour que Claude-Bernard Aubert abandonne définitivement le porno qu'il a besogné avec succès sous le nom de Burd Tranbaree de La fessée ou les mémoires de monsieur Léon maître fesseur (1976) avec Catherine Ringer à L'initiation d'une femme mariée (1983) avec Richard Allan et Cathy Ménard. Ce retour hors du X sera toutefois de courte durée, sa carrière s'achevant en 1990 par le téléfilm Le denier du colt. Après un projet avorté avec Lino Ventura (La jonque chinoise), il signe ce Adieu, je t'aime qui, malgré Bruno Cremer et Marie-Christine Barrault, ne semble avoir enthousiasmé ni le public ni la critique. Si le film lui tenait visiblement à cœur comme le prouve son implication aussi bien comme réalisateur, scénaristique que dialoguiste, Claude-Bernard Aubert était-il pour autant le mieux à même de raconter cette histoire de ménage à trois entre un mari qui découvre son homosexualité, son épouse trompée et l'amant que le couple finit par se partager. 

Dans la première partie, le metteur en scène de L'affaire Dominici (1973) suggère plus qu'il n'étale l'attirance naissante de Michel Dupré pour son jeune collègue de travail par de petits détails, un regard, une main sur l'épaule... La scène où le quadra observe à travers le reflet d'une vitre Philippe sortant de la douche, humide, le sexe pendant entre les jambes suinte ainsi un érotisme équivoque. En revanche, lorsqu'il filme les ébats des trois amants réunis, il ne peut éviter le ridicule. Certes d'une relative audace pour l'époque, Adieu, je t'aime peut-il pour autant être considéré comme une œuvre gay ? Les relations sexuelles entre les deux hommes ne sont pas montrées, Nicole se refuse tout d'abord à comprendre l'homosexualité de son époux qu'un ami explique par le simple fait pour Michel d'être envieux de la jeunesse de Philippe dans lequel il croit se voir. Et au bout du compte, le couple se reconstruit, ressoudé  par cette relation perçue comme accidentelle et éphémère, l'amant finissant esseulé sur la plage. De bons comédiens (Bruno Cremer, toujours formidable), un réalisateur sympathique et sincère ne suffisent pas à nous ôter du crâne que Adieu, je t'aime est passé à côté du grand film qu'il aurait pu être... (22.08.2022) ⍖⍖


Commentaires

Random posts

Index

Plus d'éléments

Goddess

Accueil