KröniK | Baroness - Stone (2023)


Au sein d'une chapelle sludge metal particulièrement encombrée, rares sont les groupes à encore évoluer, à travailler leur art, à rénover un genre aux invariants immuables. Mais s'il y en a bien un qui refuse de s'enfermer dans une formule, de s'enferrer dans une voie (trop) balisée, c'est bien Baroness dont chaque nouvel album est toujours une occasion de répondre au précédent avec audace et intelligence. Etablie depuis longtemps, la signature des Américains demeure pourtant reconnaissable entre mille, elle doit tout (ou presque) à John Baizley, plus particulièrement pour son chant puissamment émotionnel et ses superbes illustrations au style unique qui habillent leurs disques. Baroness, c'est donc un univers, tant visuel que sonore, un tout cohérent et sensitif qui n'appartient qu'à lui et qu'il prend plaisir à pétrir, à façonner, matériau malgré tout en constant mouvement, jamais immobile. "Stone" ne déroge pas à la règle. Son titre déjà tranche par rapport à ceux de ses prédécesseurs qui tous portaient un nom de couleur. Annonce-t-il en cela une nouvelle thématique que ses successeurs déclineront par la suite ? L'histoire nous le dira. Il est certain en revanche que celle-ci retiendra cette sixième offrande comme une des plus riches enfantées par le quatuor de Savannah, malgré un format assez trapu. 


Que Stone n'affiche pas les mêmes velléités progressives voire franchement expérimentales que Gold & Grey ne signifie donc pas que ses créateurs aient renoncé ni à une certaine complexité ni à une sophistication. C'est pourtant aux compositions les plus heavy et tranchantes, qui font honneur au nom de l'album, que l'attention s'accroche tout d'abord. Tel est le cas de 'Beneath The Rose' et 'Choir', qui s'enchaînent l'un à l'autre dans un registre puissant et évolutif à la Mastodon (pour le premier), plus bizarre et déglingué (pour le second). C'est également 'Anodyne', saillie directe aux lourdes coutures. Toutefois, les nombreuses plongées dans leur intimité finissent par extraire toutes leurs nuances de compositions aux multiples facettes, faussement immédiates mais réellement foisonnantes. Le pulsatif 'Last Word', que secoue un torrent de guitares, 'Magnolia', tout en progression et mêlant délicatesse et riffs en béton armé, l'hypnotique 'Shine' ou 'Under The Wheel', lente élévation vers un orage d'acier, traduisent cette ambivalence qui infuse tout l'album. Stone démontre de la plus intense des manières que Baroness reste non seulement un groupe à part mais surtout largement supérieur à ses concurrents dans un genre sludge metal dont l'appellation définit de plus en plus mal son art heavy et pourtant mélodique, limpide bien que sinueux. En deux mots : unique et précieux. (28.10.2023 | MW) ⍖⍖⍖

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