KröniK | Hexvessel - Polar Veil (2023)


Le réchauffement climatique n'existe pas pour Hexvessel dont la nouvelle offrande porte vraiment bien son nom. Le successeur de Kindred (2020) souffle effectivement un froid polaire au point de congeler sur place un caribou. A l'instar de son magnifique visuel, Polar Veil évoque ces images de villages figés par l'hiver, de désolation frissonnante mais aussi cette poésie boréale aussi unique que fascinante. Si le réchauffement climatique n'existe donc pas pour les Finlandais, le changement climatique se veut quant à lui bien réel tant leur musique a brusquement changé depuis que nous les avions quittés. Certes, le groupe n'a jamais stagné, a constamment évolué en presque quinze ans de carrière sans jamais cependant tout à fait déserter la terre d'un folk boisé et psychédélique, parfois expérimental, souvent progressif. Comparé à ses aînés, ce sixième album opère ainsi une franche mutation qui le plonge dans les ténèbres. Au nouvel âge glaciaire qui s'abat sur lui se joint un durcissement très net aussi bien des traits que de l'ambiance générale. Hexvessel a troqué le psychédélisme chamanique et forestier auquel il demeurait fidèle depuis ses débuts pour un black doom étonnant. Le blizzard furieux qui propulse par exemple 'Eternel Meadow' surprend de la part des Scandinaves qu'on ne reconnaît presque plus. 


Alors bien sûr, pour Mathew "Kvohst" McNerney, légendaire ancien chanteur de Dødheimsgard, ce glissement vers l'art noir n'est pas si incongru que cela, mais on croyait pourtant que cette expression ténébreuse ne l'intéressait plus. Pour autant, Polar Veil n'est pas un disque de black metal à proprement parler. Il en exhale la mélancolie nocturne, la noirceur gelée, les guitares possèdent ce grain grésillant typique ('Listen To The River') et certaines accélérations et autres blasts ('Homeward Polar Spirit') ne dépareilleraient pas sur un album du genre, mais le chanteur en conservant sa voix claire puissamment dramatique empêche ces compositions de franchir totalement ce froid Rubicon. Plus théâtral que jamais, son chant n'est d'ailleurs parfois pas sans évoquer celui du cultissime Albert Witchfinder (Reverend Bizarre), comme l'illustre 'The Tundra Is Awake' qu'engourdit une dépression aussi lancinante qu'hivernale. De fait, davantage qu'au black pur et dur c'est au doom que cet opus emprunte son essence tragique et polaire, ce qui  empêche la musique du groupe de perdre sa beauté envoûtante. Plus accessible sans doute, Hexvessel demeure toujours ce poète unique, peintre d'une norditude majestueuse. En quittant les forêts septentrionales, il capte l'atmosphère mystérieuse de ces régions du cercle polaire, prisonnier de la banquise et d'une nuit éternelle et n'a rien perdu de sa personnalité, ensorcelante et sensible. (08.10.2023 | MW) ⍖⍖⍖

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