CinéZone | Anthony Mann - le Cid (1961)


S'il demeure surtout célèbre pour ses admirables westerns aux personnages souvent ambigus (L'appât), Antony Mann, comme tous les metteurs en scène de sa génération, a touché à de nombreux genres cinématographiques, parmi lesquels, le film historique. C'est à partir des années 60, sous la férule du producteur Samuel Bronston, que le réalisateur se tourne vers ce type de superproductions. Le Cid constitue le meilleur film né de cette collaboration qui donnera aussi La chute de l'empire romain en 1963. Très éloigné du héros de Corneille, Le Cid se penche sur l'époque trouble et chaotique de la Reconquista espagnole au XIème siècle, période peu courue au cinéma. Quand bien même le film prend quelques libertés avec l'histoire (le roi Ferdinand n'était pas aussi médiocre et Rodrigue, un héros beaucoup plus complexe), il s'agit d'une œuvre de très grande qualité, un spectacle époustouflant, totalement maîtrisé par Anthony Mann. Sa mise en scène est certes moins personnelle que dans ses westerns mais en contre partie, elle gagne en lyrisme. L'histoire est emportée par une puissant souffle lyrique. 


Le Cid n'est pas exempt de quelques longueurs mais certaines séquences se révèlent tellement grandioses, qu'on les oublie vite. Parmi ces moments d'anthologie, citons le duel entre Rodrigue et le père de Chimène, admirablement éclairé, le tournoi et bien le siège de Valence et la bataille qui s'en suit contre les hommes de Be Yûsuf campé par un Herbert Lom méconnaissable. Si Sophia Loren est très belle à défaut d'être convaincante, Charlton Heston se révèle en revanche impressionnant dans la peau du Cid. Après avoir interprété Ben-Hur (1959), l'acteur retrouve un rôle à sa mesure. Davantage encore que dans le chef-d'œuvre de William Wyler, il porte littéralement le film sur ses épaules, totalement investi dans ce personnage auquel il confère une aura christique voire messianique. La dernière image où, alors qu'il est mort depuis plusieurs heures, il chevauche son destrier, galopant à l'infini au bord de la mer, reste ancrée dans la mémoire des cinéphiles. Anthony Mann s'est plié à la conception que Bronston avait du film à grand spectacle et s'en sort avec les honneurs, contrairement par exemple à Nicholas Ray dont Les 55 jours de Pékin (1963), encore avec Charlton Heston, apparaît moins réussi... (30.10.2022) ⍖⍖⍖⍖




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