Injustement confiné à la série B, Gordon Douglas compte pourtant parmi les (petits) spécialistes du western. La maîtresse de fer (1952), Le géant du grand nord (1959), Le trésor des sept collines (1961) ou Rio Conchos (1964) en attestent. Fort Invincible est une de ses premières incartades dans le genre mais il ne jouit pas d'une réputation très flatteuse, en partie pour le portrait des Apaches qu'il brosse sans nuances, qui le situe à l'opposé de La flèche brisée (1950) tourné peu avant par Delmer Daves. Western donc assez peu progressiste sans pouvoir le juger réellement raciste pour autant, Only Valiant doit de toute façon moins son intérêt - réel - à son illustration des Guerres Indiennes qu'à l'affrontement tendu entre son héros, un officier rigide (Gregory Peck, parfait) et une poignée de soldats qu'il enrôle pour une mission et qui tous le haïssent pour une raison ou une autre et ne cherchent qu'à l'abattre.
C'est cette menace intérieure, tapie dans les entrailles d'un fort niché contre la roche, qui fait tout le sel de ce western qui réussit mieux dans la lourde atmosphère attentiste que dans l'action, aidé par des décors dont l'aridité confine à l'abstraction et une formidable brochette d'acteurs, de Neville Brand à l'immense Ward Bond. Dommage que Gordon Douglas n'est pas traité le danger incarné par les Indiens avec cette même épure abstraite. En les rendant invisibles, il en aurait ainsi fait des méchants bien plus angoissants. Dommage également que Barbara Payton ait écopé d'un rôle très secondaire qui ne lui permet pas d'exploiter son charme vénéneux emprunt d'une espèce de vulgarité lasse. Dommage enfin que lors d'un happy-end obligé, Gregory Peck (re)gagne finalement le respect de ses hommes et de la femme qu'il aime. Davantage de noirceur aurait conféré à Fort Invincible une profondeur qui lui fait quelque peu défaut mais ne le rend pas moins solide et attachant. (19.11.2022) ⍖⍖
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