CinéZone | Joseph W. Sarno - All The Sins Of Sodom (1968)


All The Sins Of Sodom constitue une double démonstration. Premièrement que le talent ne se mesure pas aux moyens dont on dispose. Deuxièmement combien est grand le fossé qui sépare Joseph W. Sarno de tous ces pales et maladroits artisans du cinéma érotique de la fin des années 60 au demeurant sympathiques tels que Doris Wishman par exemple, dont les bobines toutes aussi pales et maladroites suscitent bien souvent plus l'ennui que l'intérêt. De son vivant considéré comme relevant de la pure exploitation, le travail de Joe Sarno a été (re)découvert peu avant sa mort en 2010 au point de le transformer en un auteur culte. Exhumé de l'oubli puis édité en DVD par Arte, gage de qualité et de respectabilité s'il en est, All The Sins Of Sodom témoigne que le réalisateur n'usurpe pas cet envieux statut. Avec son superbe noir et blanc, son trio amoureux et sa liberté visuelle, l'œuvre baigne dans une ambiance à la fois Nouvelle Vague et Off-Broadway. 


Peu de moyens donc mais des acteurs convaincants (entre autres Sue Akers dans le rôle diabolique et vicieuse de la troublante Joyce) et une perversité dans les personnages et leurs relations qui l'élèvent ainsi largement au-dessus du tout venant du softcore cheap de cette époque. Fasciné par le plaisir sexuel des femmes et les amours saphiques, Sarno filme sans vulgarité la jouissance féminine, la quête de l'orgasme, la découverte du corps et de ses zones intimes. Sous les caresses expertes de la perverse Joyce, Leslie découvrira ainsi un autre versant de sa sexualité, au point de la troubler, de la mettre mal à l'aise. On devine en elle des fantasmes refoulés, tapis dans sa chair, comme lorsqu'elle surprend, cachée dans l'embrasure d'une porte, son amant et Leslie en train de faire l'amour, ce qui déclenche en elle de troubles désirs, des envies inavouables mais qu'elle ne peut tout à fait réprimer. Les hommes sont réduits au rang de simple outil pour parvenir à l'extase, jouet sexuel et rien de plus. S'il a sans doute vieilli, All The Sins Of Sodom n'en conserve pas moins une puissance sensuelle étonnante et très moderne. (08.01.2023) ⍖⍖


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