CinéZone | Walter Grauman - Une femme dans une cage (1964)


Dans les années 60, plusieurs reines alors vieillissantes de l'âge d'or d'Hollywood se recyclent dans le suspense ou la terreur psychologique, de Joan Crawford (La meurtrière diabolique) à Bette Davis (Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?) en passant par Barbara Stanwyck (Celui qui n'existait pas). Tourné en noir et blanc, avec généralement un petit budget, ces films s'inspirent du succès de Psychose d'Alfred Hitchcock. Se faisant à cette époque de plus en plus rare au cinéma, Olivia de Havilland fait comme ses consœurs et se retrouve à l'affiche d'Une femme dans une cage. L'idée de départ est simple mais efficace. Une riche infirme est coincée dans l'ascenseur installé dans sa luxueuse demeure. Sa sonnette d'alarme qu'elle actionne attire dans la maison des pilleurs et un trio de jeunes détraqués qui vont très vite semer la terreur dans la maison. L'angoisse nait donc de cette vieille femme sans défense aux prises avec ces délinquants auxquels l'argenterie ne saurait suffire à épancher les funestes pulsions. Si on imagine aisément sur quoi un tel sujet aurait accouché quelques années plus tard en terme de violence vicieuse, le film va néanmoins aussi loin que ce que lui permettent l'époque et le fait d'être le produit d'un grand studio (la Paramount). On assiste quand même à une énucléation bien brutale auquel il ne manque que la couleur pour éclabousser l'écran. 


Mais c'est surtout dans son climat malsain et le portrait qu'il livre d'une mère possessive aux désirs incestueux à peine voilés que Lady In A Cage se révèle particulièrement trouble et audacieux pour son temps. Que l'horreur naisse non pas dans une bicoque isolée et sinistre mais au contraire dans un imposant pavillon dressé en pleine ville à quelques mètres de la circulation et des passants la rend encore plus dérangeante. C'est aussi une manière aussi de souligner l'indifférence des gens face à la violence et au drame et ce dès le générique qui montre notamment des voitures roulant à proximité d'un chien mort sur le bitume sans qu'aucune d'entre elles ne s'arrête. Le film multiplie ainsi les petits détails qui suffisent à présenter les personnages et leurs tourments. En quelques scènes, l'amour plus équivoque que maternel de Cornelia pour son fils au charme émasculé est dépeint par un Walter Grauman dont la maîtrise insolente nous fait regretter qu'il ait sacrifié son talent à la télévision (Meurtre à San Francisco laisse toutefois de bons souvenirs). A la fin, la vieille femme est brisée, moins par la terreur qu'elle a subie que par la révélation de la souffrance qu'elle a imposée à son fils dont elle est responsable du suicide que le scénario, habilement, suggère mais ne montre pas. En définitive, seul le jeu hystérique des voyous qu'on a envie de baffer (à l'exception de James Caan, déjà très bien), tempère quelque peu notre enthousiasme. (25.02.2023) ⍖⍖


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