CinéZone | Wesley Ruggles - Aller et retour (1935)


De prime abord, Aller et retour ne paie pas de mine, comédie romantique qu'on pressent - à tort - poussiéreuse. Wesley Ruggles n'est ni Frank Capra ni Ernst Lutbitsch, réalisateur au pedigree modeste dont on retient surtout le western Arizona en 1940 avec William Holden et Jean Arthur. Claudette Colbert est alors une des plus grandes stars américaines mais on lui préfère Barbara Stanwyck ou Joan Crawford. Enfin, Fred McMurray n'est pas non plus l'acteur le plus excitant de cette époque notamment lorsqu'il prête son physique un peu terne à la comédie alors qu'il se montre bien plus convaincant dans le film noir (Assurance sur la mort, Du plomb pour l'inspecteur) ou le charme vieillissant (La garçonnière). Tourné en 1935, on devine par ailleurs aisément que The Gilded Lily tente de surfer sur le succès inattendu de New York - Miami (1934) de Capra comme l'annonce la présence de Claudette Colbert. Pourtant, si la comparaison entre les deux films n'est bien sûr pas à son avantage, Aller et retour n'en constitue pas moins une excellente surprise que son grand âge (pas loin de  90 ans quand même) n'a étonnamment pas trop couvert de l'épaisse couche de poussière redoutée. 


On ne dira jamais combien les comédies romantiques des trente dernières années doivent tout à leurs lointaines devancières qui ont très tôt fixé les codes de ce genre typiquement américain. S'il lui manque donc autant le génie de Frank Capra que le charisme viril de Clark Gable, ce film repose toutefois sur un savoureux scénario. Un homme et une femme se retrouve tous les jeudis soir sur un banc. Il est amoureux d'elle mais cette attirance n'est pas partagée. Elle, ne rêve que d'un amoureux sans le sou qui lui ferait tourner la tête. Bref, la tête et le coeur pleins d'idéaux, elle attend le grand amour. La suite et le dénouement sont prévisibles (elle croit trouver l'âme soeur mais finira par comprendre qu'elle s'est trompée et retrouvera celui avec qui elle dévissait en grignotant du popcorn) mais les dialogues sont pétillants, le rythme enlevé, les seconds rôles, impeccables (C.Aubrey Smith en qui on verra toujours la figure de l'aristocrate anglais, Ray Milland en jeune lord sans oublier Donald Meek) cependant que le couple formé par Claudette Colbert et Fred McMurray fonctionne parfaitement, ce qui explique pourquoi ils seront réunis à six autres reprises jusqu'en 1948 et Ma femme et ses enfants. Sans être donc un fleuron du genre, Aller et retour n'en est pas moins une bonne pioche dans le vivier de la comédie romantique américaine des années 30 dont on ne se lasse pas du charme unique. (20.02.2023) ⍖⍖⍖


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