CinéZone | Henry Levin - La haine des desperados (1969)


Artisan d’Hollywood qui n’a suscité ni chapelle ni culte, Henry Levin compte parmi ces nombreux réalisateurs qui sont plus que des besogneux mais moins que des auteurs en ce sens où aucune ligne conductrice véritable n’affleure à la surface d’une filmographie qui embrasse tous les genres, de la SF (Voyage au centre de la terre) à la comédie (La jolie batelière), de l’aventure (L’armure noire) à l’espionnage décontracté (ses deux Matt Helm) sans oublier le fantastique (La fille du loup-garou). Néanmoins, le western paraît l’avoir particulièrement inspiré auquel il a offert les très bons La peine du talion (1948) avec William Holden, Natchez (1954) et Jicop le proscrit (1957). Mais La haine des desperados n’en fait pas partie, archétype du western américain de la fin des années 60, en soin palliatif et à la remorque des bobines italiennes dont il échoue à couler les codes dans la tradition hollywoodienne (contrairement à Pendez-les haut et court de Ted Post par exemple), sans posséder par surcroît la brutalité tragique et crépusculaire de La horde sauvage (1969) de Sam Peckinpah. 


Plein de chevauchées et de fusillades, le film semble plutôt violent alors qu’en définitive, il ne l’est pas tellement, du moins pas d’une façon marquante. Son sujet (l’affrontement fratricide entre un homme et son père, chef d’une meute de bandits semant la terreur à la fin de la guerre de Sécession et après celle-ci) et un Jack Palance presque mesuré (sauf lors du dénouement) dans la peau de ce hors-la-loi à la Quantrill dont la paranoïa se prêtait pourtant à ses outrances aussi habituelles que parfois fâcheuses, sans oublier un Neville Brand étonnamment du bon côté de la loi, promettaient un western d’une autre qualité. Bien que sauvée dans la version française par le doublage reconnaissable entre mille de Jacques Thébault (la « voix » de Steve McQueen entre autres), l’interprétation sans relief ni saveur de Vince Edwards (aperçu dans L’ultime razzia de Stanley Kubrick quand même) mine malheureusement ce film de fin de carrière, pourtant pas déplaisant mais trop peu personnel pour marquer les mémoires. Dommage car il y avait moyen de tirer de cette histoire tragique d'un homme désireux de s'affranchir du destin familial que la fatalité finit par rattraper, un western d'une toute autre dimension ce que laisse deviner la noirceur d'une conclusion sanglante et désenchantée. (26.05.2023) ⍖⍖


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