Genre cinématographique à part entière, le biopic brosse généralement le portrait d'un personnage décédé depuis longtemps ou au crépuscule de sa vie. Ce n'est étonnamment pas le cas de A l'assaut de la gloire qui évoque le parcours de Ben Hogan, un des plus grands golfeurs, dont la carrière sportive était loin d'être terminée au moment du tournage. Cette contemporanéité et le fait que Hogan lui-même fut le conseiller technique du film, empêchent un quelconque recul. Quel peut être alors l'intérêt pour le cinéma de choisir comme sujet un homme dont l'œuvre se poursuit ? On comprend pourtant aisément ce qui a motivé la réalisation de Follow The Sun. Son caractère froid et ombrageux et surtout le terrible accident de voiture dont il fut victime alors qu'il était en pleine gloire font de Hogan un personnage comme le septième art en raffole.
Le film insiste sur le succès contradictoire du golfeur, à la fois maître des greens mais peu populaire auprès du public et de la presse qui l'affuble de surnoms peu avantageux tels que "L'automate" ou "Le glaçon du Texas". Son incroyable volonté, sa force de résilience grâce auxquelles il rejouera au golf moins d'un an après son accident, ne lui suffiront pas dans un premier temps (il gagnera toutefois l'US Open en 1950 avant le Grand Chelem de 1953) pour retrouver sa place mais lui permettront enfin de toucher le public, ému par son destin hors du commun. Glenn Ford est parfait dans ce rôle renfrogné, de même qu'Anne Baxter en épouse dévouée au caractère néanmoins bien trempé. Qui plus est, A l'assaut de la gloire possède le mérite d'aborder un sport peu évoqué à l'écran et qu'on découvre finalement plutôt cinégénique (les scènes de golf sont prenantes). Aidé par la belle photographie de Leo Tover, Sidney Lanfield détaille la vie de ces sportifs obligés de sillonner les routes des Etats-Unis pour une poignée de dollars. Oublié aujourd'hui, A l'assaut de la gloire est un grand petit film ! (22.05.2023) ⍖⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire