La présence de Michael Redgrave, alors fraîchement débarqué d'Une femme disparait (1938) d'Alfred Hitchcock ainsi que son titre français faussement prometteur, ne doivent pas vous tromper, Meurtre à l'aube n'est pas vraiment un film policier. Le meurtre en question a certes bien lieu mais tout à la fin. Là réside sans doute la faiblesse de A Window In London (ou Lady In Disguise aux Etats-Unis) mais finalement aussi sa modeste originalité. Un grutier croit être le témoin d'un assassinat depuis le train qu'il prend pour se rendre à son travail. En fait, il n'en est (encore) rien. Berné par un étrange couple d'artistes de music hall, un magicien et son assistante, il s'abîme peu à peu dans un monde nocturne qui lui est étranger, amoureux de cette jeune femme qu'il croit fragile alors qu'elle se sert de lui.
Outre sa très solide interprétation qui convoque Michael Redgrave donc mais aussi Paul Lukas, Patricia Roc et l'oubliée Sally Gray, l'intérêt du film réside moins dans son suspense, quasi inexistant, que dans l'opposition qui lui sert de substrat entre deux réalités, celle populaire des travailleurs (le grutier et sa femme opératrice) et de l'autre, celle des artistes et de ces nantis dévergondés qui peuplent la nuit. La fin, curieuse et teintée d'un humour noir, quoique un brin moralisatrice, qui voit d'un côté l'amour entre le héros et son épouse délaissée, sortir plus fort de l'épreuve et de l'autre, le crime se réaliser finalement, compense un récit conduit de façon fonctionnelle par le méconnu Herbert Mason. N'est pas Hitchcock qui veut ! Mais il y a ce charme unique du cinéma britannique de toujours et ces décors empreints d'une poésie sinistre qui enrobe ces films même les plus mineurs et désuets d'un suaire délicieusement cafardeux. (11.07.2023) ⍖⍖
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