KröniK | Ernte - Weltenzerst​ö​rer (2024)


Depuis qu’elle se voue corps et (surtout) âme au black metal, on n’arrête plus Nadine Lehtinen, d’abord bassiste et violoncelliste (?) au sein de Shever, désormais maîtresse de cérémonie de Ashtar et surtout de Ernte sous le pseudo de Askahex. Ce n’est ainsi pas moins de cinq offrandes qu’elle a enfantées en l’espace de trois années à peine, Wandering Through Time et The Return Of The Frozen Souls (avec le premier), Geist Und Hexerei, Albsegen et aujourd’hui Weltenzerstörer (avec le second). Par surcroît, cette diarrhée créatrice se couple à une noirceur de plus en plus insondable et furieuse, comme en témoigne ce troisième méfait du tandem qu’elle forme avec le sieur V Noir. Pour ceux qui ne connaitrait pas encore, la présence d’une femme derrière le micro et serrant le manche d’un violoncelle ne rend pas Ernte tellement aimable, chantre au contraire d’un black metal glacial et funèbre, vicieux et cryptique tout ensemble. Bref un black metal tel qu’il devrait toujours sonner, orthodoxe sans être classique, fielleux sans être torrentueux, abrasif sans être cradingue mais grouillant néanmoins d’un fluide primitif, celui qui est niché dans les profondeurs d’une fente rocailleuse. 


Vibrant à la manière d’un ressac de négativité, les guitares suintent un grain mortifère (‘Vessels Of Sacrifice’), le tempo est engourdi, prisonnier d’une geôle dont les murs pleurent une décrépitude absolue et le chant de la blonde prêtresse, biberonné au Destop, râcle les chairs à vif (‘’The Witch (was born in flames)’). Le duo ne cherche pas à rénover le genre (qui n’en demande pas tant) mais à l’honorer, à l’explorer selon sa propre lecture qui lui dicte une expression rampante et malsaine dont les mélodies, froides et souterraines, ne sont pourtant jamais vraiment éconduites ni d’éruptives et malfaisantes accélérations (‘Ruler Of Chaos, Bringer Of Storm’). Masterisé comme Albsegen par le maître Greg Chandler (Esoteric) dans les entrailles des Priory Studios, Weltenzerstörer lui est toutefois largement supérieur grâce à une écriture acérée qui perce des paysages accidentés (‘Profound Eyes’ au souffle venu d’Europe de l’est) et dresse une pesante et visqueuse turgescence, à laquelle s’accrochent des atmosphères inquiétantes et crépusculaires. Macérant dans les rudes replis de sinistres cavités, Weltenzerstörer sécrète un art noir taciturne et escarpé comme on l’affectionne, hivernal et grésillant, que décape un chant féminin abrupt exhalé d’un puits sans fond. (29.06.2024) ⍖⍖⍖

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