CinéZone | Jacques Tourneur - Rendez-vous avec la peur (1957)


Même s'il se montre à l'aise aussi bien dans le film d'aventures (La flèche et le flambeau) ou le film policier (L'enquête est close, peu connu mais très bien), il est vrai que le fantastique convient particulièrement à Jacques Tourneur, genre auquel il a offert des oeuvres majeures telles que La féline (1942) ou Rendez-vous avec la peur. Celui-ci compte parmi les meilleurs films consacrés aux sciences occultes et à la démonologie (avec Les vierges de Satan de Terence Fisher). Sur une trame policière, le scénario est ingénieux, notamment à travers l'idée du ruban de papier comportant une malédiction écrite sous forme runique qui entraîne la mort de celui a qui on le remet. Idée d'ailleurs reprise plus tard par le romancier Christopher Fowler dans son roman Le diable aux trousses (pour les connaisseurs). Curse Of The Demon est par ailleurs solidement défendu par le pourtant toujours aussi figé Dana Andrews et la piquante Peggy Cummins, à laquelle les cinéphiles vouent un culte pour deux longs métrages où elle se révèle hallucinante : Le démon des armes (1950) et Train d'enfer (1957). 


Malgré tout, Jacques Tourneur a quelque peu renié ce film car le résultat final ne fut absolument pas conforme à la vision qu'il souhaitait développer au départ. En effet, les producteurs ont insisté pour montrer, durant les dernières séquences, le monstre dont la venue est déclenchée par les runes. Or, d'une part, la créature est plutôt risible, ne suscitant pas tellement l'effroi. D'autre part, Tourneur, fidèle à sa conception de l'horreur, opte pendant toute la durée du récit pour la suggestion, à la fois par souci d'efficacité et surtout pour envelopper son oeuvre d'une réelle ambiguïté. Le démon n'aurait jamais dû faire son apparition, ce qui permettait de préserver le mystère et de suggérer que les meurtres ne sont pas nécessairement d'origine surnaturelle et démoniaque avec en filigrane l'idée que les démons et les forces du mal ne sont que le fruit de l'âme humaine. Reste tout de même, en dépit de ces menues réserves, un excellent film fantastique, drapé dans un noir et blanc lugubre. (2001) ⍖⍖⍖


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