CinéZone | Woody Allen - Accords et désaccords (1999)


Depuis Prends l’oseille et tire-toi en 1969, Woody Allen maintient le rythme insolent d’un film par an ou presque. Corollaire de cette diarrhée créatrice, sa carrière est inégale alternant pépites (Annie Hall, Hannah et ses sœurs…) et réalisations plus anecdotiques (la majorité de ses derniers films) dans lesquelles il y a cependant toujours quelque chose à picorer. Coincé entre Harry dans tous ses états (1997) et Celebrity (1998) d’une part et de l’autre, Escrocs mais pas trop (2000) et Le sortilège du scorpion de jade (2001) qui ne comptent pas parmi ce qu’il a enfanté de plus mémorable, Accords et désaccords s’impose alors au contraire comme le meilleur Woody Allen depuis Meurtre mystérieux à Manhattan (1992) et conservera ce titre jusqu’à Match Point (2005). Il est surtout un des plus savoureux et jubilatoires. Sans doute parce qu’il s’écarte de la routine comico-amoureuse ou des comédies policières anodines que le cinéaste usine un peu trop. 


Faux documentaire sur un guitariste de jazz virtuose qui n’a donc jamais existé, Sweet And Lowdown se rapproche un peu de Radio Days dont il partage à la fois la nostalgie des années 30 et une narration qui place Woody Allen en position de narrateur. Aux côtés de deux spécialistes du jazz, il joue ici son propre rôle, ponctuant le récit à intervalles irréguliers de ses interventions qui nous éclairent sur la vie de ce musicien, éclatée en quelques fragments. Sean Penn est exquis dans la peau de ce Emmet Ray vaniteux et égocentrique dont on imagine mal qu’il puisse être incarné par un autre comédien. Il donne vie à ce type parfaitement détestable et finalement attachant, bourré d’obsessions bizarres (il aime regarder passer les trains ou tirer sur des rats dans une décharge), hanté jusqu’au désespoir par Django Reinhardt, « le gitan français », vrai héros (invisible) du film dans l’ombre duquel il est condamné à demeurer. Ivre de lui-même et incapable de la moindre affection pour autrui, Emmet Ray sacrifiera l’amour sincère d’une jeune femme muette à laquelle Samantha Morton, adorable, prête son curieux visage. Les scènes qu’elle partage avec Sean Penn sont parmi les plus réussies de Accords et désaccords dont on finit par croire à l’histoire et à l’existence de ce guitariste inconnu... (02.11.2023) ⍖⍖⍖


Commentaires

Random posts

En vrac

Plus d'éléments

Goddess

Accueil