Pourvoyeur de quelques bestioles sonores parmi les plus abominables jamais apparues à la surface de la terre, ce sont les catacombes parisiennes que Sentient Ruin Laboratories est allé forer pour y déterrer sa dernière découverte baptisée Maudissez. Dernière mais pas inédite puisque ce premier méfait avait en vérité déjà vu la nuit en décembre 2023 en format tape (forcément épuisée depuis) et digital. Cette réédition en vinyle par le label américain permettra donc à ceux – dont votre serviteur – qui seraient passés à côté, de goûter cette hostie obscure souillée d’un stupre corrosif. Doit-on pourtant vraiment le remercier pour cette initiative ? Pas sûr, à moins d’être masochiste ou de ne pas se sentir très bien dans sa tête. En effet, à l’instar des autres horreurs qui remplissent le catalogue de l’écurie d‘Oakland, la chose n’est pas tellement agréable à déflorer, poisseuse et hystérique, viciée et corrompue. On ne sait du reste quasiment rien au sujet de ce groupe. En est-il même vraiment un ? S’agit-il d’humains ou de créatures échappées des entrailles de la terre ? La question mérite d‘être posée tant l’absence de vie et de lumière qui l’encrasse et la rend absolument effroyable sinon inaudible, confère à cette saillie une dimension inhumaine.
Pas d’infos sur qui en est le monstrueux géniteur donc, pas plus sur l’enregistrement de ce premier méfait sinon qu’il aurait été capturé dans la panse d’une église. La religion catholique en constitue d’ailleurs le carburant mais, comme le suggère la représentation de Notre-Dame-De-Paris sur la pochette, noire et infernale, sans une once de majesté, non pour l’honorer, la glorifier, pour la dénoncer au contraire. Vocalises hallucinées, guitares rongées par la rouille, batterie tellurique et atmosphères déglinguées dictent une liturgie étouffante aux allures de bouillie bruitiste à laquelle une timide éclaircie en fin de procession ne suffit pas à rendre plus accessible. Funeral doom charbonneux, sludge maladif et death/black martyrisé bouillonnent au fond de ce calice ténébreux duquel exhalent des émanations impies. Quatre psaumes composent cet album, tous d’une longueur conséquente qui participe d’une pénétration difficile, sévère. Il ne sert cependant à rien de chercher à les décrire, à les distinguer, à les séparer les uns des autres tant ils semblent dresser une seule et même verge qui remue toute la merde moisissant dans un baquet démentiel. Maudissez (le projet autant que l’opus) est une abomination qui ne s’adresse qu'aux oreilles les plus averties ou aux flagellants les plus meurtris. (16.07.2024 | LHN) ⍖⍖⍖
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