Après avoir sillonné avec succès les Etats-Unis, en produisant leur spectacle, les Marx Brothers se tournent vers le cinéma en 1929 avec Noix de coco de Robert Florey. Monnaie de singe est leur troisième film et constitue probablement, avec Soupe au canard (1933) de Leo McCarey et Une nuit à l’opéra (1935) de Sam Wood, leur long métrage le plus réussi. Leurs deux premiers films souffraient encore de leur origine théâtrale. Avec Monkey Business, les (alors) quatre frères passent à la vitesse supérieure car ils peuvent enfin donner libre court à leur folie. Bénéficiant de la mise en scène d’un habile artisan, Norman McLeod, auquel on devra plus tard l’irrésistible Vie secrète de Walter Mitty, ce film s’avère très représentatif de l’univers marxien, quand bien même la fidèle Margaret Drumont manque cette fois-ci à l’appel. On retrouve donc cet humour dévastateur, délirant et nonsensique, prouvant par là-même le caractère novateur de Marx Brothers qui annoncent déjà à leur façon le comique délivré plus tard par les Monty Python. Il s’agit d’un humour aux multiples facettes, à la fois purement verbal (les bons mots savoureux débités par Groucho ou des répliques telles que « Je n’ai peur de rien, sauf du danger ») ou bien follement visuel, s’appuyant alors sur les facéties et les grimaces de la paire Harpo et Chico.
Ces derniers se livrent, comme à leur habitude à une démonstration de leurs talents musicaux, le premier à la harpe, le second au piano, ce qui permet de révéler leur caractère profond. C’est particulièrement vrai dans le cas de Harpo qui, en jouant avec application, montre sa personnalité faite de gentillesse et de timidité. Dans cette cascade de rires, il semble impossible d’isoler une scène plutôt qu’une autre. Cependant, la séquence où les Marx, chacun à leur tour (et à leur façon !) imitent Maurice Chevalier, demeure un grand moment. Bien sûr, les frangins sont très en forme dans cette histoire et se révèle fidèles à eux-mêmes. Groucho arbore sa légendaire moustache, le cigare au bec, la démarche de poulet. Il est déchainé. Chico n’est pas en reste, avec son côté rusé et roublard tandis que Harpo, toujours muet, l’imperméable rempli d’un bric-à-brac, court après tout ce qui porte un jupon (serait-ce encore permis aujourd’hui ?), donne volontiers sa jambe à n’importe qui, joue du klaxon à tout moment. Quant à Zeppo, il fait ce qu’il peut, c’est-à-dire, pas grand chose, ne possédant pas, contrairement aux autres, une forte personnalité ni un réel talent comique. Il fait donc le jeune premier qui roucoule, quart d’heure à l’eau de rose obligé des films de Marx Brothers… (2001) ⍖⍖⍖⍖
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