CinéZone | Robert Parrish - Les brutes dans la ville (1971)


Votre serviteur se souvient avoir découvert Les brutes dans la ville il y a une bonne vingtaine d’années au moins et d’avoir été déçu de ne pas y trouver le western barbare promis par son titre français. Le revoir longtemps après permet pourtant de le réévaluer. Film de fin de carrière pour Robert Parrish, auteur des deux bonnes cartouches du genre (Libre comme le vent et surtout L’aventurier du Rio Grande), dont on se demande cependant ce qu’il vient faire là, A Town Called Bastard demeure toujours un peu raté mais n’en est pas moins fascinant. De loin, il ressemble à un de ces nombreux ersatz américains des westerns spaghetti qui participèrent autant à la mutation du genre qu’à son déclin. De près, l’œuvre s’avère plus intéressante par son caractère expérimental qui confine à l’abstraction et la rend pas si éloignée que cela d’un El Topo (1970) d’Alejandro Jodorowsky. Ce décor de village mexicain en ruine perdu au milieu d’un nulle part aride participe d’un climat irréel dont en outre n’est pas étrangère une intrigue curieuse - la recherche d’un homme prénommé Aguila – qui tient de la quête philosophique. Qui est-il ? Existe-t-il vraiment ? N’incarne-t-il en vérité l’âme de la révolution comme semble le suggérer le scénario ? 


L’ambiance est bizarre et on comprend aisément ce qui a pu intéresser Robert Shaw dans ce récit abstrait, lui l’admirateur de Harold Pinter dont on trouve un peu quelque chose dans ce western baroque aux confins du fantastique. De Stella Stevens qui dort, gisante, dans un cercueil, à la musique inquiétante, tout concourt à créer une atmosphère étrange qui fascine autant qu’elle laisse perplexe. Car à l’arrivée, on ne sait si Les brutes dans la ville est génial ou totalement prétentieux et abscons. L’intrigue est nébuleuse mais les images et certains plans (dans l’église plus particulièrement) sont superbes. On a du mal à cerner les motivations du personnage endossé par Robert Shaw, qui massacre un prêtre au début de l’histoire pour en devenir un lui-même par la suite mais Telly Savalas ou Al Lettieri en bandidos hirsutes et débraillés ne manquent pas de grandeur. Maladroit (les flashbacks qui le poinçonnent ne s’imposaient pas), inachevé sans aucun doute, A Town Called Bastard se révèle aussi insolite que l’ambiance qu’il distille, faux western au goût de spaghetti mais vrai méditation quasi métaphysique sur la révolution. (20.11.2023) ⍖⍖⍖


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