Comédien puis réalisateur allemand ayant fait ses classes au temps du muet, William Dieterle part s’installer aux Etats-Unis en 1930, non pour fuir Hitler (qui n’a alors pas encore pris le pouvoir et qui ne l’aurait pas inquiété puisqu’il n’était pas juif) mais pour répondre à l’invitation de la Warner. The Last Flight est son premier film américain. Des dizaines suivront, parmi lesquels le méconnu 6 Hours To Live, film de science-fiction pré-code où le diplomate d’un petit pays imaginaire qui vient d‘être assassiné (Warner Baxter, un brin engoncé), est ressuscité par un savant mais pour six heures seulement. Il utilisera le temps qu’il est imparti pour démasquer son assassin, convaincre sa fiancée d’en épouser un autre et détruire la machine qui l’a ramené à la vie dont il estime qu’elle pourrait tomber entre de mauvaises mains.
Un scénario astucieux, de jolies idées (le lapin qui a subi la même expérience que le héros et qui vient lui rappeler les heures qui s’égrènent, fatidiques) et une mise en scène imbibée d’expressionisme, pleine d’ombres inquiétantes qui tapissent les murs, s’étirent sur le sol, dictent un film dont les images évidemment poussiéreuses n’en grèvent pas une certaine modernité qui lui permet de ne pas trop accuser ses plus de quatre-vingt dix ans au compteur. La fin qui voit Onslow mourir une seconde fois n’est pas sans véhiculer une certaine émotion tandis que le contexte politique des années 30, entre colloques internationaux et climat menaçant, est esquissé avec une économie de moyens qui n’a d’égale que son efficacité. A l’image de cette œuvre rare, emballée en 77 minutes, qui mériterait d’être (re)découverte. (12.12.2023) ⍖⍖
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