KröniK | Delving - All Paths Diverge (2024)


Nick DiSalvo fait partie de ces musiciens boulimiques souffrant de diarrhées créatrices qui les poussent à amasser des tonnes de chansons. Comme il l’admet lui-même, la pandémie qui a figé la planète entière lui a laissé le temps d’exploiter ce matériel. Projet solitaire, Delving est né de ce contexte, accouchant en 2021 d’un Hirschbrunnen dont on pensait que la fin de la crise sanitaire et un Elder (le principal port d’attache du multi-instrumentiste) à nouveau en activité le condamneraient à demeurer sans successeur. Or contre toute attente et pour notre plus grand bonheur, son géniteur a décidé de ne pas en rester là, gravant trois ans plus tard un deuxième album. Toujours instrumental. Toujours délicieusement progressif. Toujours aussi bon surtout. On reconnaît évidemment dès les premières notes la signature de l’Américain désormais basé en Allemagne, cette fluidité, ce goût pour les progressions limpides, cette virtuosité qui n’étouffe cependant jamais l’émotion et ces lignes de guitares d’une beauté d’airain. Et alors que Elder n’a lui-même jamais sonné aussi progressif et aussi peu doom depuis Omens (2020) et plus encore Innate Passage (2022), il est légitimement permis de se demander ce qui distingue désormais Delving de son aîné, hormis sa nature instrumentale. 


Par exemple, un titre tel que ‘Chain Of Mind’ ne dépareillerait pas tellement sur un disque du quatuor. Mais d’autres en revanche cultivent une voie encore trop progressive (‘Ne Meridian’) ou planante (‘The Ascetic’) pour être confondues avec des compositions signées Elder. Au vrai, traquer les points communs et les différences entre les deux groupes importe peu. Le principal réside dans l’insolente inspiration que dresse encore une fois DiSalvo. Secondé par Fabien de Menou au piano Rhodes et un second guitariste (Michael Risberg) sur ‘Zodiac’, l’homme nous enchante selon sa bonne habitude. Oscillant entre 6 et 13 minutes, les sept pièces qui composent All Paths Diverge rivalisent toutes en ambiances et en progression, parfois hypnotiques (‘The Sentinel’), souvent sinueuses (‘Omnipresence’ que nimbent ces claviers antédiluviens comme échappés des années 70), toujours belles comme un chat qui dort, témoin le terminal ‘Vanish With Grace’ que la guitare à la fois bourgeonnante et lumineuse du maître des lieux entraine vers des sommets de plénitude.  A l’image d’une offrande qui fait tout simplement du bien, nourrie de cet quiétude euphorisante qui anime DiSalvo quelque soit le projet qui l’occupe. Elder et Delving se complètent à merveille, source infinie de jouissance pour l’auditeur en quête d’une musique sophistiquée et émotionnelle tout ensemble. (25.08.2024) ⍖⍖⍖

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