Tous ceux qui regrettent qu’Ulver ait abandonné le style qui était alors le sien sur ses deux superbes premiers essais, Bergtatt et Kveldsfanger et qui ont versé une larme en apprenant la mort d’Empyrium peuvent d’ors-et-déjà ressortir du grenier où elle disparaissait sous une couche de poussière leur guitare acoustique et prendre le chemin de la forêt pour y communier avec la nature : l’héritier de ces deux entités défuntes (ou presque) a enfin vu le jour, il se prénomme, October Falls. S’il est aujourd’hui secondé en studio par Marco Tarvonen, le batteur de ses compatriotes de Moonsorrow, dont la participation contribue à conférer un son plus organique à son art, Mikko Lehto est bien seul aux commandes de ce projet dont on avait un peu ignoré les qualités pourtant énormes à la lumière de The Womb Of Primordial Nature qui parvient donc à ressusciter l’âme du black metal païen en vigueur au milieu des années 90. Comparé au EP précédent, Sarastus, qui voyait le solitaire s’exprimer d’une manière intégralement acoustique, cette seconde offrande longue durée d’October Falls réussit l’osmose parfaite, l’équilibre admirable entre pur black metal et pans acoustiques égrenés par une guitare sèche qui semble pleurer un torrent émotionnel et ce faisant témoigne de la maturité artistique à laquelle le groupe est désormais parvenu.
A travers quatre longues compositions vierges de tout titre, Lehto rend hommage de plus belle des manières aux mythes de son pays ainsi qu’à un environnement séculaire à la fois beau et sombre propice à l’imaginaire qu’il glorifie avec respect et brio. Ces complaintes oscillant entre fureur et beauté contemplative et qui s’enchaînent les unes aux autres pour former une seule et unique déambulation nocturne capturent la majesté grave, pleine de noblesse d’une nature nordique chargée de mélancolie qui conserve aujourd’hui encore une beauté sauvage qui n’a pas encore été violée par l’avidité de l’Homme. Tout du long, The Womb Of Primordial Nature suinte une tristesse absolue mais donne aussi envie de s’isoler aux fonds des bois, de respirer à pleins poumons la senteur des sapins. Immense. Après plusieurs essais demeurés souvent confidentiels (hormis le mini The Streams Of The End), October Falls est devenu grand et son album est une bénédiction pour les amoureux du black acoustique sculpté il y a bien longtemps maintenant par Ulver. (04/08/08) ⍖⍖⍖
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