KröniK | October Tide - Grey Dawn (1999)

Généralement lorsque des musiciens se lancent dans un projet parallèle, il s'agit pour eux d'explorer une autre voie que celle qui préside à la destinée de leur principal port d'attache. Or dans le cas de October Tide, qui réunit deux des membres de Katatonia, Jonas Renkse, qui renoue ici avec ses premières amours, la batterie (il se charge aussi en partie des guitares) et Fredrik Norrman qui tient solidement les divers manches à sa disposition, la musique qu'ils régurgitent n'est pas si éloigné de celle façonnée par Katatonia ("Heart Of The Dead", 'Into Deep Sleep" par exemple). On y côtoie la même noirceur, ce même désespoir glacial qui doit beaucoup à une six cordes qui semble pleurer toute la souffrance du monde. La référence avouée de son ainé, le Paradise Lost des débuts, qui ne fait chez lui qu'affleurer, ne peut ici en revanche que sauter à la figure de tout amateur un tant soit peu éclairé (c'est particulièrement évident sur un titre comme "October Insight" qui pue l'Icon à plein nez). 

Là réside sans doute la seule différence entre les deux projets, ainsi que dans le recours sur Grey Dawn à une voix death, depuis longtemps abandonnée par Katatonia. D'ailleurs, ce n'est pas Renkse qui se charge de beugler dans le micro ; il préfère céder cette place à un autre. Avec ses chansons finement ciselées, délicieusement dépressives, cette seconde pierre tombale gravée par October Tide parviendra sans peine à faire patienter les fans qui attendent depuis deux ans le successeur de Discouraged One et qui est annoncé pour très bientôt. Toutefois en dépit d'une réussite certaine, quoique un peu moins probante que dans le cas des opus de Katatonia, il est tout de même permis de s'interroger quant à la pertinence pour les deux lascars à l'origine du projet, de ne pas s'éloigner du style qui a fait leur renommé, contrairement à leur acolyte, Anders Nyström, lequel, au sein de Diabolical Masquerade (sous le pseudo de Blackheim) donne libre cours à ses pulsions les plus violentes en vomissant un black metal âpre et épique. Au moins avons-nous la confirmation de l'immense talent de ses musiciens chevronnés qui ne peuvent se contenter d'une seule formation pour exister. (18.04.2007) ⍖⍖