KröniK | Himinbjorg - The Fall Of Valhalla (2024)


Lorsqu’en mars dernier, Christian Bivel, le légendaire boss d’Adipocere, annonçait à votre serviteur que son label publierait à la rentrée un nouvel album d’Himinbjorg, c’est peu dire que cette nouvelle déclencha une excitation toute particulière. Il faut dire que le groupe trône parmi les figures tutélaires de la chapelle black metal nationale et que Zahaah, celui qui en incarne l’âme,  demeure un artiste aussi intègre que talentueux, homme sympathique et attachant au surplus, ce qui ne gâte rien. Chaque nouveau  - et rare - signe de vie de sa part est donc attendu avec une grande impatience, d’autant plus que la déception n’est jamais de mise. Si Himinbjorg s’est montré discret depuis neuf ans et un Wyrd d’excellente mémoire, l’opus éponyme de The Chants Of Trees, projet parallèle de Zahaah dans une sente plus forestière et pas du tout extrême, quoique toujours connectée spirituellement à cet univers ancestral cher au musicien, a su néanmoins briser ce trop long silence il y a trois ans, de la plus belle des manières par surcroît. Cette huitième offrande n’en apparaît pas moins presque inespérée. Sa prise de son très brut de décoffrage, bien qu’elle pourra en chagriner certains, (trop) habitués à un enrobage plus lisse mais vide d'émotions et outre le fait qu’elle illustre ce souci d’authenticité qui n’a jamais déserté Zahaah, semble vouloir tisser un lien avec l’époque de Golden Age (2003). 


Pour autant, malgré quelques éruptions bien furieuses (‘The Fury Talk’), The Fall Of Vahalla ne sacrifie à aucun moment l’émotion sur l’autel de la brutalité, grâce notamment à des parties de guitares d’une belle pureté, comme en témoignent ‘My Last Journey’ ou le superbe final de ‘Brother Sequane’, amorce par ailleurs torrentueuse dont le break qui la fissure ouvre un paysage vaste et meurtri. De même, malgré un tempo parfois soutenu (‘Dogma’), l’oeuvre s’enracine avant tout dans un lourd substrat qui lui confère une ambiance granitique et l’enfonce dans un abîme crépusculaire, témoin la conclusion de ‘Architecture Of Annhilation’. De parcimonieux choeurs pagan (‘Tribeless Child’) rappellent que The Chants Of Trees n’est pas si loin. Tous ces éléments façonnent un album plus nuancé et atmosphérique que ce qu’il a l’air d’être. Plus ambigu peut-être aussi. Car en vérité, sa noirceur se veut moins tapie dans une musique certes secouée d’une violence abrasive que dans son propos, fardé d’une rage désespérée. Ainsi son titre aux évidentes résonances viking cache surtout la métaphore amère d’une (in)humanité qui court à sa perte, laquelle trouve dans le terminal ‘The Color Of Truth’, gemme taillé dans un black metal épique et old school, sa plus plus vibrante matérialisation. D’une mélancolie tragique, ses ultimes mesures résonnent comme le dernier souffle d’une terre malade. Mais loin d'inviter à la résignation, Himinbjorg appelle à la résilience, au combat. D’une grande noblesse, The Fall Of Valhalla est un album qui a une âme, ce qui manque tellement aux temps sombres que nous vivons. Ce faisant, il scelle le retour triomphant d’un groupe aussi rare que précieux. (15.09.2024 | LHN) ⍖⍖⍖

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