Ce nouvel album – le troisième déjà depuis 2004 ! – du projet solo de Jon Oliva est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Mauvaise car sa réalisation ne rend que plus improbable encore la survie de Savatage, principal port d’attache (jusqu’à présent) du chanteur. Or, depuis 2001 et la publication de Poets And Madmen et la tournée qui a suivi, le groupe mythique a depuis déserté les écrans radar. La chance d’un retour semble donc s’éloigner d’année en année. Bonne car ce Global Warning de haute volée confirme encore un peu plus que le charismatique et généreux musicien a définitivement repris goût au micro après une longue période d’abstinence, à partir du Edge Of Thorns de Savatage (1993). Surtout il confirme que l’homme, entouré désormais d’une troupe solide quoique pourvue d’un talent anonyme, n’a pas perdu son inspiration. Mieux, chacune des nouvelles offrandes de son side-project se veut un cran au-dessus de la précédente. Plus diversifiée que de ses deux aînés, et parasitée d’aucune maladresse, cette cuvée 2008 alterne avec brio, après un théâtral morceau d’ouverture (« Global Warning ») d’où perle l’influence de Queen, groupe tant révéré par Jon, pistes bien heavy, enrichies par deux fois par les interventions acérées de Ralph Santolla, à l’image de « Adding The Cost », « Before I Hang » et ses chœurs grandioses, ou de « Master », pause zeppelinienne (l’excellent « The Ride ») et déclarations émotionnelles belles à en pleurer (« Firefly », « O To G », « Open Your Eyes »).
Comme Maniacal Renderings, nombre de titres de Global Warning sont construites autour de riffs écrits jadis par Criss Oliva, le frère défunt et laissés au rang d’embryon dans une boîte à chaussure. A l’écoute de bombes telles que « Look At The World », « Before I Hang », « Stories », « You Never Know » ou du poignant « Firefly » (peut-être la plus belle pièce de l’album), on ne peut que prendre conscience que le guitariste a toujours été pour le moins sous-estimé de son vivant. Son talent de songwriter est, pourtant, à tomber par terre ; c’est une évidence. Ce qui est évident aussi, c’est que l’ombre du grand Savatage et de son regretté guitariste ne manque jamais de couvrir de leur ombre imposante ce troisième opus, ne serait-ce déjà que grâce au chant si singulier et reconnaissable entre mille de Jon. Sans compter que « Before I Hang » et « You Never Know » par exemple étaient à l’origine destinés respectivement à Streets (1991) et à Gutter Ballet (1989). De fait, sans pouvoir prétendre se glisser dans la discographie de l’aîné, Global Warning permet à sa flamme de brûler encore et de satisfaire les hordes de fans à travers le monde. Son cœur ne bât peut-être plus, mais son âme quant à elle, demeure bien vivante. Finalement, Jon Oliva’s Pain est parvenu à faire son trou et vu la qualité de ses albums, on en vient presque à remercier Savatage d’être entré en hibernation. C’est dire ! Un grand cru. (04.05.2008) ⍖⍖⍖
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