Orphanage a raté le coché à un moment donné car, bien qu'étant parti dans la course avant ses compatriotes de Within Temptation, After Forever et Epica, sa renommée s'avère aujourd'hui beaucoup plus modeste, bien qu'il jouisse d'un statut quasi culte. Sans doute est-ce dû à une activité par trop irrégulière et chaotique qui ne les a vu sortir que trois albums en près de dix ans de carrière. Sa volonté, ô combien louable, ne pas rompre les amarres avec son passé extrême, contrairement par exemple au groupe emmené par la charmante Sharon Den Adel, a en outre certainement contribué à lui fermer les portes du succès. La signature sur le mastodonte Nuclear Blast devrait corriger cet état de fait. Troisième offrande des bataves, Driven s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, Oblivion notamment. Des titres assez courts, ramassés, accrocheurs très souvent, pesants toujours. Il n'y a pas de place ici pour les dérives orchestrales pompeuses et la mièvrerie larmoyante. De fait, Driven, avec ses grognements masculins omniprésents, contrebalancés par une voix féminine cristalline, sa rythmique de panzer et ses riffs saignants, rend ses lettres de noblesse au pur gothic metal tel qu'il fût envisagé au milieu des années 90.
Et pour tout dire, il tranche par sa rudesse avec la production actuelle d'un genre confondant de nos jours beauté ténébreuse et sucreries de bisounours, et exsangue car gangréné par une myriade de formations opportunistes et sans talent (ce qui va généralement de pair). Le vrai gothic se nourrit du death metal, dont il nuance la violence par l'adjonction de vocalises féminines. Orphanage reste fidèle à ces préceptes et l'on ne peut que l'en remercier. Pour autant, ce serait mentir que d'affirmer que Driven est une œuvre incontournable ; l'album n'est pas exempt de défauts, au premier rang desquels il faut citer une trop grande linéarité (tous les morceaux tendent à se ressembler), que renforce une durée un peu excessive (plus d'une heure). De même, l'alternance chants de gargouilles / voix angéliques semble par trop mécanique et mériterait davantage de souplesse. Mais dans le style, il s'impose d'entrée comme une cuvée parfaitement recommandable. Des brûlots de la trempe de "The Sign", "Cold", "Prophecies Of Fame" ou "Driven" sont là pour le confirmer. Il faut juste espérer que les Hollandais ne mettent plus aussi longtemps pour lui offrir un petit frère, ce qui semble mal engagé… (25.03.2007) ⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire