Depuis toujours, Ixion n’est jamais là où on l’attend vraiment, partant d’un doom death atmosphérique sur l’inaugural To The Void pour peu à peu dévier dans les profondeurs d’une galaxie plus électronique et lumineuse, même si toutes ses explorations sont reliées entre elles par une même ligne directrice, tant dans le fond que dans la forme, céleste et quasi philosophique. Fidèle à cette liberté qui le guide, le duo français surprend encore une fois avec le successeur de "L’adieu aux étoiles". Au départ, il y a trois EPs, Extinction, Restriction et Regeneration, qui ont jalonné l’année 2024, conçus comme les trois chapitres d’un ensemble plus vaste, baptisé Evolution, qui les additionne enfin en un seul bloc. Découpé en 16 pistes, ce nouvel album se présente ainsi comme un voyage (approche assez récurrente chez le groupe) qui se doit d’être appréhendé dans sa globalité bourgeonnante. Durant plus d’une heure, Ixion questionne l’évolution du genre humain à travers les thèmes des androïdes et du post-humanisme. Ce concept passionnant dicte une partition plus électro et orchestrale que jamais, poursuivant le glissement opéré depuis "Enfant de la nuit" vers une musique moins extrême et tout simplement plus évolutive mais toujours aussi émotionnelle. Du doom originel, il ne subsiste guère que quelques growls creusant des trouées abyssales dans ‘Breaking the Code’ ou plus nettement dans ‘The Advent’et ‘Necropolis’.
En fait, le chant clair domine tout du long, pinceau diaphane de cette humanité dont l’avenir n’a jamais été à la fois aussi incertain et ouvert à tous les possibles. Les guitares elles-mêmes semblent reléguées au second plan, au profit d’une myriade de sonorités électroniques qui tapissent cette immense voûte de touches soyeuses (‘A Chimeric Dream’) ou presque synthwave (‘In Search Of The Absolute’). Contre toute attente, malgré sa thématique propice à une lecture inquiète et pessimiste, "Evolution" privilégie au contraire des ambiances plus éthérées (ce qui ne l’exonère pas d’assombrissements passagers), préférant voir dans ce concept de belles promesses. Tissant des paysages sonores à la fois minimalistes et foisonnants, l’œuvre impressionne par la variété de sa texture sonore et le groupe, fidèle là encore à une exigence dont il ne se partira jamais, en a soigné tous les compartiments, des lignes vocales en clair-obscur aux arrangements d’une ampleur cinématique. Corollaire de cette richesse de traits comme de touches, l’album réclame attention et de nombreuses écoutes pour en déceler tous les trésors. Dans la lignée de ses précieux aînés, Evolution est un disque aussi sophistiqué que cristallin dans sa progression, qui s’écoule avec sérénité et plénitude. Ce faisant, Ixion continue de creuser ce sillon qui n’appartient qu’à lui, insaisissable et affranchi du carcan de quelque genre que ce soit. (23.11.2024 | MW) ⍖⍖
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