S’il a réalisé en 1972 Au pays de l’exorcisme, considéré malgré sa violence plutôt soft comme un des premiers films de cannibales, c’est véritablement au début des années 80 que Umberto Lenzi se convertit au gore entre cannibales (encore) avec les cultissimes Secte des cannibales puis évidemment Cannibal Ferox et zombies avec L’avion de l’apocalypse. Pourtant, bien que produit pour surfer sur le succès du Zombie de Georges Romero et sa suite non officielle L’enfer des zombies de Lucio Fulci, s’agit-il vraiment d’un pur film de zombies ? Les spécialistes du genre lui refusent cette étiquette au motif que les morts-vivants qu’il exp(l)ose galopent et sont doués d’intelligence, loin des pauvres erres habituels qui se déplacent d’une démarche saccadée de somnambules. Au vrai, on se fout pas mal de cette controverse. Est-ce un choix du réalisateur ou bien est-ce le manque de pognon qui lui a imposé de déverser à l’écran ces créatures que seul un pauvre maquillage rend vaguement effrayantes ? Dans tous les cas, l’énergie frénétique qui les secoue, participe incontestablement de l’efficacité de L’avion de l’apocalypse, film d’action plus que bande horrifique, avec peu de barbaques dedans de surcroit.
On devine que la dénonciation du péril nucléaire censé être à l’origine de la contamination, intéresse moins Umberto Lenzi que la baston. Son travail n’en est pas pour autant particulièrement inspiré. D’ailleurs, il n’appréciait pas tellement ce film. De fait, s’il compte parmi les titres les plus célèbres de sa prolifique carrière, Incubo Sulla Citta Contaminata fait plus que flirter avec le vrai nanar. Il coche toutes les cases pour cela : scénario sans imagination, conclusion paresseuse, acteurs foireux (Hugo Stiglitz) au milieu desquels on croise pourtant Franscico Rabal et Mel Ferrer qui cachetonne sans aucune conviction, maquillage ringard comme dit plus haut. Rythmé par une bonne musique de Stelvio Cipriani et une mise en scène ad hoc du père Lenzi qui n’a alors pas encore renoncé à son habileté pour trousser des séquences rudes et nerveuses, L’avion de l’apocalypse assure un spectacle enlevé et rigolo que contamine cette ambiance crapoteuse comme l’affectionne le cinéaste et que pimente un érotisme aussi fugace que racoleur. Objectivement, ce n’est pas très bon mais se laisse voir avec un plaisir décontracté. (16.06.2024) ⍖⍖
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