Ce que l’on pressentait déjà depuis deux ans s’est finalement confirmé : l’aventure Scarve a donc pris fin pour le chanteur Pierrick Valence. Cette séparation avec son port d’attache d’origine a ouvert pour le chevelu une période de turbulence tant affective et mentale que musicale qui aboutit aujourd’hui à l’accouchement d’un troisième album de Son groupe, Phazm, dont la teneur beaucoup plus sombre agit comme un révélateur de l’état d’esprit, non seulement du velu chanteur mais aussi de ses compagnons de route. Déjà, rien que la pochette suffit à donner un indice quant à la noirceur du contenu dont elle est l’habillage visuel. Trois goules (les membres du groupe ?) entrain de fumer la chicha entouré de silhouettes menaçantes ont remplacé les squelettes baiseurs et rigolards de Antebellum Death’N’Roll. De fait, s’il écarte toujours les cuisses poilues vers une espèce de black metal mâtiné de rock’n’roll et de country vomi dans un rade de Louisiane et sentant bon le cambouis et les dessous de bras ouvertes par ses deux prédécesseurs, Cornerstone Of The Macabre a laissé sur le bord du chemin les atours décomplexés de ses aînés pour se draper dans les habits pour un enterrement. Alors certes, le groupe s’y entend toujours pour dégainer quelques cartouches aux ambiances sudistes qui lui réussissent bien, telles que « Damnation » et surtout « Mucho Mojo » et sa slide déglinguée, mais dans l’ensemble ses nouvelles compositions sont poisseuses, baignant dans un liquide visqueux et noir, à l’image de l’instrumental miné par le désespoir qu’est « StrangeSong » ou du quasi doom « Welcome To My Funeral».
Témoin de cette colère, Phazm n’a même sans doute jamais sonné aussi black metal. « Love Me Rotten (Love Me True) », bercé par des paroles savoureuses, l’implacable « The Worm On The Hook », où la voix de Pierrick semble provenir du plus profond d’une tombe ou bien encore le brutal « The End » illustrent bien la violence épidermique qui a guidé cette fois-ci le groupe. Charbonneuse, même la reprise de Metallica, « Damage Inc », a quelque chose qui ne tourne pas rond. Et que dire du suffocant « Adrift », piège terminal à la noirceur du cul d’une mine sinistrée. On l’aura compris, ce Cornerstone Of The Macabre excellent tout du long, est une véritable catharsis pour les membre du groupe car il se nourrit de leurs tourments, de leur mélancolie et surtout de leur colère, autant de sentiments que les musiciens devaient évacuer pour pouvoir avancer. Ce disque est un instantané dans la vie d’un groupe profondément humain et détenteur d’une identité singulière. Vu la qualité de cet album, on en viendrait presque à penser que, finalement, c’est une bonne chose que Valence ait décidé de concentrer dorénavant sur ce projet qui lui sied peut-être davantage que Scarve car plus personnel. (15.11.2008) ⍖⍖
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