Autant Scarve peut apparaître comme un vrai groupe (même si le batteur vedette Dirk Verburen a très tôt été mis en avant), autant Phazm demeure le joujou exclusif du chanteur et guitariste Pierrick Valance. Mais ce qui n'était d'abord qu'un délire afin de s'éclater entre deux bombes de son aîné, est en passe de s'imposer comme une priorité pour le blondinet et plus seulement un side-project éphémère, maintenant que l'avenir de Scarve se fait de plus en plus incertain, du fait de l'implication du batteur pieuvre au sein de la confrérie Soilwork. Et vu la qualité de ce second méfait, nous ne pouvons que nous en réjouir, car, dans un registre très éloigné des terres qu'arpente son principal port d'attache, le velu Pierrick tire son épingle du jeu avec ce black 'n' roll graisseux et survitanimé, fleurant bon les Bayous et la musique cajun. Aidé par cet harmonica hanté qui résonne par moment, on a vraiment l'impression à l'écoute de cette douzaine de ritournelles (dont le malsain "Damballah" ou l'instrumental "Sabbath") de se retrouver au fin fond des Everglades, dans un trou peuplé de bouseux inquiétants, comme dans le film de Walter Hill, le bien nommé Sans retour. Secondé par des zicos solides, dont Cédric Lickel de Solekahn, derrière les fûts, Valance s'y entend pour faire parler la poudre à coups de chansons simples mais toutes munies d'un riff, d'une ligne mélodique, d'un refrain imparables qui vous rentrent immédiatement dans le caberlot et vous fait taper du pied, comme si vous étiez accrochez au comptoir d'un rade crasseux et enfumé, une binouze à la main.
La voix rugueuse comme nourrie au bourbon depuis le biberon de Pierrick est parfaite pour déverser des paroles remplies de zombies et d'ébats nécrophiliques ("So White, So blue, So Cold"), tandis que les guitares crachent leur venin (les excellents "Hunger", "Black 'n' Roll", "The Bright Side Of Death"et le rampant "Burarum"), le tout emporté par un torrent rythmique infernal. Mais davantage qu'une bête collection de chansons, Phazm a eu la bonne idée de concevoir cet album comme un tout. Accompagné d'un livret particulièrement soigné, de la pochette irrésistible montrant en ombres chinoises des squelettes obsédés, baisant comme des fous au milieu d'un cimetière, jusqu'aux petites planches de BD très bien faites illustrant chacun des titres, Antebellun Death 'n' Roll a été enrichi en plus d'un DVD, support visuel d'un concert que le groupe a donné à Nancy, et durant lequel il a interprété douze titres, dont plus de la moitié sont issus de la dernière offrande. Pourquoi est-ce souvent les petits combos qui se déchirent pour proposer de superbes produits, alors que les géants du tiroir caisse, eux se contentent souvent d'un misérable cd cristal sans la moindre gâterie ? (17.02.2007) ⍖⍖
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