En 1963, Cy Endfield réalise Zoulou, qui relate la bataille de Rorke’s Drift (1879), épisode héroïque de la guerre anglo-zouloue. Le sujet semble particulièrement l’intéresser car des années plus tard, il publie le livre Zulu Dawn dans lequel il embrasse l’ensemble de ce conflit colonial et plus particulièrement la bataille de Isandhlwana, sanglante défaite pour l’armée britannique à laquelle répondra donc quelques heures plus tard la victoire de Rorke’s Drift. De cet ouvrage est tiré L’ultime attaque (titre français idiot comme souvent) que Endfield scénarise en partie mais dont la réalisation est confiée à Douglas Hickox, très solide technicien anglais auquel on doit une poignée de bobines jubilatoires telles que La cible hurlante (1972), Théâtre de sang (1973), Brannigan (1975) et Intervention Delta (1976). D’un point de vue historique, L’ultime attaque se place donc avant Zoulou. Mais s’il partage un même thème, les deux films n’en diffèrent pas moins l’un de l’autre. En effet, les temps ont changé et en 1979, l’époque n’est plus à la glorification du colonialisme mais au contraire à sa dénonciation dans la continuité de La charge de la brigade légère (1968) de Tony Richardson par exemple. Ainsi Là où Zoulou s’attardait sur les rapports de classes au sein de l’armée avant de célébrer le courage des Anglais face à un ennemi dont la bravoure n’était toutefois pas occultée, L’ultime attaque ne cache pas son propos anticolonialiste.
Fustigeant l’impérialisme de Sir Henry Bartle Frere et plus encore l’arrogance stupide du général Chelmsford, le film donne des Britanniques une image peu reluisante, dépeints dans toute leur orgueilleuse suffisance, persuadés de leur supériorité tant morale que militaire qui les aveugle. Cette morgue teintée de racisme doublée de graves erreurs stratégiques conduira à l’abattoir des milliers d’hommes finalement démunis face à la marée des Zoulous pourtant armés de lances et de boucliers dérisoires mais résolus à défendre leur territoire et à survivre en tant que peuple. A une première partie qui expose la situation et souligne les antagonismes et rivalités entre officiers non sans éviter parfois les longs palabres, succède une seconde plus haletante car axée sur la bataille en elle-même, parfaitement réglée à la manière d’un western où la cavalerie est remplacée par l’armée britannique et les Indiens par les Zoulous. On sent peu à peu l’étau se refermer sur les soldats de la couronne dont le combat désespéré ne manque pas panache. Epique et majestueux, L’ultime attaque peut en outre compter sur une distribution luxueuse qui convoque sous les drapeaux, aux côtés des deux stars Peter O’Toole et Burt Lancaster (qui reconnaissons-le n’a pas grand-chose à faire et ne convainc guère en colonel anglais), les toujours impeccables Simon Ward (dans un de ses derniers grands rôles) John Mills, Denholm Elliot, Bob Hoskins, Nigel Davenport, Peter Vaughan ou Freddie Jones. Un beau film techniquement très habile auquel Zoulou s’avère toutefois bien supérieur, œuvre plus puissante et subtile en définitive. (24.02.2025) ⍖⍖
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