Rainbow - Long Live Rock 'n' Roll (1978)

Troisième et dernier album de Rainbow défendu par le fameux line-up Blackmore / Dio / Powell, Long Live Rock ‘n’ Roll s’inscrit dans la lignée de ses deux glorieux prédécesseurs, mais intelligemment, le groupe a su ne pas se répéter et proposer, tout en conservant son identité, quelque chose de différent de Ritchie Blackmore’s Rainbow et Rising. Moins épique (hormis « Gates Of Babylone, il n’y a pas de titre de la trempe de « Tarot Woman » ou « Stargazer »), cet opus peut de fait sembler  de prime abord décevant. En effet, si certains titres révèlent leur potentiel immédiatement, tels que « Long Live Rock ‘n’ Roll » ou le déjà connu « Kill The King » que le groupe jouait en ouverture de ses concerts depuis 1976, ou le gigantesque et arabisant « Gates Of Babylon », d’une ampleur peu commune ; d’autres apparaissent plus anecdotiques, à l’image des néanmoins efficaces « L.A. Connection », « The Shred » et « Sensitive To Light ». Mais, les écoutes successives aidant, la qualité des compos finement ciselées, se dévoile peu à peu. 

De plus, Ritchie Blackmore et ses musiciens, dont les petits nouveaux Bob Daisley (basse) et David Stone (claviers) n’ont pas peur de s’aventurer dans des sentiers moins évidents : le beau et diaphane « Lady Of The Lake » et l’intimiste et orchestral « Rainbow Eyes », dont le recours à un quartet à cordes démontre à nouveau l’attrait du sombre guitariste pour la musique classique. Bien produit pas l’incontournable Martin Birch et conduit par le talent immense d’un groupe qui trône alors parmi les ténors du hard rock de l’époque, Long Live Rock ‘n’ Roll s’impose comme un très grand disque, bien qu’inférieur à l'inégalable et inégalé Rising. Il est aussi le chant du cygne de l’incarnation la plus épique, lyrique et grandiose de Rainbow, Ronnie James Dio étant remercié à la fin de la tournée qui suivra, par Ritchie, lequel désire colorer la musique de son groupe de touches plus mélodiques. (2006) ⍖⍖⍖