L’affaire Matteotti s’inscrit dans la veine du cinéma politique italien à une époque, les années 70, où le pays, fortement marqué à gauche, connaît une grande instabilité gouvernementale dans un climat de corruption et de violence. Scénariste de La fille du fleuve (1955) de Mario Soldati, assistant de Valerio Zurlini sur Eté violent (1959) puis réalisateur, entre autres, de La longue nuit de 43 (1960), Florestano Vancini évoque dans ce film l’exécution en 1924 du député socialiste Giacomo Matteotti par des squadristi fascistes, après avoir prononcé à l’assemblée un vigoureux réquisitoire contre Mussolini et le régime qu’il vient de mettre en place suite aux élections législatives et dont il estime qu’elles ont été truquées. La reconstitution des évènements est précise, le climat sanglant qui s’empare alors du pays, très justement rendu et les comédiens (Franco Nero en Matteotti et surtout Mario Adorf en Mussolini) se révèlent aussi méconnaissables que stupéfiants.
Vancini cherche à démontrer qu’à ce moment-là de l’histoire, l’Italie, appuyée par une presse combative (le Corriere della Sera notamment), pouvait encore stopper le fascisme naissant dont la mainmise n’était pas une fatalité. Refusant toute concession au romanesque, le cinéaste privilégie la véracité historique, exposant les responsabilités de chacun et les raisons qui ont fait échouer l’opposition politique à Mussolini. Dans ce souci de vérité et la volonté louable d’ausculter la mécanique des événements réside l’intérêt principal du film mais aussi sa faiblesse car, bien que captivant, il apparaît en définitive froid et peu attachant, dénué de cette dimension policière qui fait souvent le sel du cinéma politique italien. Ce qui explique peut-être pourquoi, L’affaire Matteotti demeure assez méconnu comparé à d’autres œuvres du même genre, telles que Sacco et Vanzetti (1971) de Giuiliano Montaldo, Confession d’un commissaire de police au procureur de la république (1971) de Damiano Damiani, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970) de Elio Petri ou Cadavres exquis (1976) de Francesco Rosi, pour n’en citer que quelques-unes parmi les plus fameuses. (20.12.2024) ⍖⍖
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