Gianni Barcelloni - Desideria (1980)


Ceux qui, ferrés par la présence charnelle de la brûlante Stefania Sandrelli, espèrent sucer dans Desideria une sucrerie érotique à la façon d’un Tinto Brass par exemple (qui dirigera la comédienne dans La clé où elle dévoilera beaucoup de plus de ses charmes voluptueux), ne verront guère leur appétit vicieux réellement satisfait, sinon le temps (trop) bref d’une scène de triolisme. Mais châtrée d’une vingtaine de minutes, il est possible que la version disponible du film ne permette pas d’en goûter tout le suc licencieux, nombre de séquences à caractère sexuel se voyant brutalement interrompues avant d’en trop montrer, l’orgasme tant attendu sans cesse contrarié. Adaptation d’un roman d’Alberto Moravia, Desideria n’en exsude pas moins un stupre malsain, exhalant une ambiance trouble et dérangeante à laquelle n’est pas étrangère la performance lubrique de Lara Wendel, décidément abonnée au rôle de jeune fille qui s’éveille au sexe après Jeux interdits de l’adolescence (1977) de Pier Guiseppe Murgia. 


Sorte de Linda Blair échouée dans Une vraie jeune fille de Catherine Breillat, elle est Desideria, gamine grassouillette rejetée par sa famille qui, après une tentative de suicide se métamorphose, devient femme et s’offre aux hommes, comme jadis sa mère biologique, une prostituée, et celle qui l’a adoptée (Stefania Sandrelli), pute mondaine couchant pour conserver son statut social. Curieuse, l’œuvre hésite entre érotisme et prétention contestataire qui débouche sur la violence et la mort. A travers le sexe, Desideria cherche autant à se venger de sa mère adoptive que d’une société bourgeoise qu’elle espère abattre par la révolution en manipulant un Che Guevara en carton. Malgré un certain envoûtement que distillent à la fois la sensualité de Stefania Sandrelli et la belle partition de Pino Donaggio, on imagine ce qu’un réalisateur d’un autre calibre que l’obscur Gianni Barcelloni aurait tiré du livre de Moravia dont ce film aussi malaisant que raté ne fait qu’effleurer les soubassements réduits à une jeune fille écartant les cuisses, chauffée par les frissons révolutionnaires. (28.01.2025) ⍖


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