Michael Powell - Drôles de zèbres (1966)

Il est fréquent de lire que Michael Powell, après Le voyeur (1960) dont il ne se remettra jamais de l’échec ni du scandale qu’il déclencha, a perdu tout talent. Il est vrai que les derniers films qu’il réalisera entre 1961 (The Queen’s Guard) et 1972 (The Boy Who Turned Yellow) ne sauraient rivaliser avec Une question de vie ou de mort (1946), Le narcisse noir (1947) ou La renarde (1950). Ils n’en méritent pas moins d’être (re)découverts, particulièrement cet espèce de diptyque australien que composent Drôles de zèbres (1966) et Age Of Consent (1969), deux bluettes solaires aussi revigorantes qu’anodines dont la seconde bénéficie par ailleurs de la présence de James Mason et d’une jeune Helen Mirren irradiant une charnelle sensualité. They’re A Weird Mob évoque un sujet finalement peu connu, celui de l’immigration italienne au pays des kangourous, qui inspirera également à Luigi Zampa A Girl In Australia (1971), toutefois bien plus incisif car empreint d’une profonde amertume masquée sous un humour absurde. 

Sorte de conte de fée invraisemblable où un migrant italien trouve l’amour auprès de la fille d’un riche entrepreneur dans le bâtiment, Drôles de zèbres manque beaucoup de consistance en comparaison. Le scénario se réduit à une simple succession de saynètes lesquelles, au surplus, se contentent de tirer le fil humoristique mais trop répétitif de l’étranger perdu dans un pays dont il ne maîtrise ni les codes ni les coutumes. On cherchera en vain la moindre petite trace du génie de Michael Powell (et de son fidèle scénariste Emeric Pressburger, dépêché sous pseudonyme pour tirer quelque chose du roman porté à l’écran) dans cette romance parfois loufoque mais assez convenue. Fleur bleue, on a pourtant envie de croire à cette histoire d’amour (qui épouse les traits gracieux de la méconnue – et trop rare - Claire Dunne) et on finit par s’attacher à cet Italien plus malin qu’il n’en a l’air dont l’opiniâtreté triomphera des barrières sociales. Il est ainsi tout à fait permis de trouver plaisant Drôles de zèbres à condition d’oublier qui l’a signé… (21.01.2025) ⍖⍖