Tiamat avait plutôt déstabilisé ses fans avec Judas Christ et son visage plus foncièrement rock. Un an après la parution de ce dernier, le groupe suédois a compris la leçon et fait machine arrière avec, comme ligne de mire, non pas ses débuts doom death, mais ses penchants pour le gothique atmosphérique période Wildhoney / A Deeper Kind Of Slumber, qui lui sied, il faut bien l’avouer, à ravir. De fait, Prey, produit de main de maître par le leader du groupe, Johan Edlund, ne surprendra personne mais il ne décevra aucun fan non plus et c’est bien là l’essentiel. Architecturé autour de treize compositions, dont trois intermèdes instrumentaux intéressants (un peu à la manière de son ancien compagnon de label, Moonspell), cet album respecte donc à la lettre son cahier des charges, délivrant son lot de chansons imparables qui font d’entrée leur trou dans le caberlot (« Cain », Wings Of Heaven »). Toutes ont en commun un rythme lent presque contemplatif, un feeling sombre et désenchanté ; et sont portées par la voix grave et superbe de Johan Edlund, parfois judicieusement équilibrée par un chant féminin de toute beauté (les magnifiques « Divided » et « Carry Your Cross And I’ll Carry Mine »).
N’évoquer que le chanteur et guitariste serait bien injuste au regard du formidable travail abattu par les fidèles mais discrets sbires du charismatique leader, Thomas Petersson (guitares), Anders Iwers (Basse) et Lard Skold (batterie), lesquels détiennent aussi une part importante dans l’identité forgée au cours des années par Tiamat, quand bien même Edlund possède il est vrai une personnalité forte et écrasante. Si la seconde partie de Prey semble plus faible car composée de titres qui fleurent bon le pilotage automatique (« Clovenhoof », « Nihil »), l’album s’achève cependant sur une pièce maîtresse, l’épique et envoûtant « The Pentagram » basé sur un texte du fameux prince de l’occultisme Aleister Crowley. Alors, certes, ce morceau n’est qu’une pompe du « Shine On Your Crazy Diamond » de Pink Floyd : même rythme planant, même guitare qui déchire le ciel. Mais il s’avère tellement réussi qu’en définitive on se fout complétement qu’il s’agisse d’un plagiat éhonté. Tiamat offre donc avec Prey un disque digne de son talent même s’il ne renouvelle en rien la musique façonnée par certains de ses prédécesseurs. (2006) ⍖⍖⍖
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