Trist - Zrcadlení melancholie (2007)


Bête infâme et solitaire, formé en 2003 en république Tchèque (il viendrait de Scandinavie que se serait la même chose) et déjà repu comme tout bon acteur de l’ombre qui se respecte d’un nombre incalculable de démos, splits et albums longue durée, Trist fait honneur à son nom. Il est le peintre de la négativité la plus extrême, de paysages maladifs figés dans la grisaille et dans la dépression. Son nouveau méfait, Zrcadlení melancholie, ne contient que deux longues complaintes, dont la première ose dépasser les 20 minutes. Son visuel en noir et blanc figurant un mec entrain de se trancher les veines au dessus d’un lavabo renvoie directement à Shining et à Forgotten Tomb (on pense forcément à Songs To Leave). A raison, car Trist se repait du même humus pourrissant mais, en étirant son art jusqu’aux confins du supportable, il va encore plus loin dans la régurgitation d’un black sinistre et suicidaire qui doit autant au doom le plus sordide, le plus noir (celui de Winter par exemple) qu’aux tables de la Loi de cette chapelle impie. Affreusement mal produit avec ses guitares stridentes et d’une lenteur étouffante, ces deux saignées ne font que répéter à l’infini quelques accords perdus dans la brume nocturne, que des cris  écorchés par un organe qui ne peut plus être tout à fait humain poussent encore davantage dans les abîmes de la décrépitude. 

Ces riffs, malgré tout mélodiques, vous labourent la chaire tel un scalpel ; ils ressemblent à mille autres, mais, obsédants comme c’est pas permis, ils parviennent néanmoins sans mal à vomir des sentiments d’un mal-être absolu. « Polsedni Cesta » et « Trnovy Labyrint » sont tellement semblables qu’ils donnent l’impression de n’écouter qu’un seul et unique titre étiré à l’infini. Aucun souci de progression ici, ces deux coulées saumâtres et baveuses pourraient aisément durer 40 minutes chacune sans que l’on y voit aucune différence. Ce qui compte ici c’est le voile de la dépression la plus sordide qui finit par vous recouvrir et vous engourdir. La frontière entre le génie et la fumisterie est des plus minces ; Trist joue à l’équilibriste le long ce ravin ténu.  Mais ce genre d’expérience n’est pas une question d’originalité, plutôt une question de sensibilité forcément subjective. Les âmes tourmentées devraient s’y retrouver… Ce disque leur est clairement destiné. Quant aux autres, ils ne le comprendront pas. Tant pis pour eux… Ou tant mieux pour nous ! (18.06.2008) ⍖⍖⍖

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