Vilgot Sjöman - 491 (1964)


Après La maîtresse (1962) avec Bibi Andersson et Max von Sydow et avant son fameux diptyque Je suis curieuse (1967), Vilgot Sjöman signe ce 491 à l’aura sulfureuse. Certaines scènes au caractère sexuel explicite (dont il sera finalement amputé) et des dialogues très crus aboutiront à sa censure et à son interdiction pure et simple en Norvège jusqu’en 1971. Le film porte à l’écran un roman de Lars Görling dont l’honnêteté oblige votre serviteur à reconnaître qu’il ne le connaît pas et ne saurait donc dire s’il s’agit d’une adaptation fidèle. Enigmatique, son titre se réfère aux paroles du Christ sur le pardon. « Dois-je pardonner jusqu’à 7 fois au frère qui aura péché contre moi ? » demande Pierre à Jésus, lequel lui répond : «Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois mais jusqu’à 70 fois sept fois ».  Soit 490 fois. Mais faut-il pardonner le 491ème péché ? Dans le cadre d’une expérience sociale d’éducation libre, six jeunes délinquants sont réunis dans un appartement sous l’œil d’un inspecteur épaulé par un jeune travailleur social. Mais l’expérience vire à l’échec et glisse dans une violence tout d’abord sourde qui se fait plus dégradante encore lorsqu’une femme rejoint le groupe dont elle semble réveiller chez les garçons les plus vils instincts. 


Prise contre une rambarde sur un bateau, elle accepte ensuite d’être prostituée par le héros (Nisse) avant d’être violée par son chien en une sorte de mise à mort symbolique. Que Victor Sjöman ait été obligé par la censure de la filmer hors champ (comme celle du viol homosexuel survenu plus tôt) ne rend finalement pas cette agression moins dérangeante, bien au contraire. De fait, suggérées plus qu’exposées frontalement, les scènes de sexe conservent encore aujourd’hui une force malsaine inouïe qui participe du climat glauque d’une œuvre dont le noir et blanc épuré souligne le réalisme blafard. Il convient d’ailleurs d’insister sur le travail exécuté par le cinéaste, empreint d’une liberté presque expérimentale parfois (les clichés qui défilent). Bien sûr, 491 a vieilli. Ces jeunes ne paraissent pas si méchants que cela, quoique Leif Nymark (Nisse) ne manque pas d’une séduction perverse, tandis que la réflexion sur le traitement de la délinquance est naïve. Toutefois, sa vision particulièrement sombre de la société suédoise des années 60 accouplée à son atmosphère à la fois brutale et délétère lui garantissent un  pouvoir de fascination intact. (14.01.2025) ⍖⍖


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