Ulver - Perdition City (2000)

Bien que son glorieux prédécesseur, l’ambitieux The Marriage Of Heaven And Hell, nous avait déjà quelque peu mis la puce à l’oreille quant à l’émancipation musicale du groupe, nous étions loin, très loin d’imaginer la teneur de son successeur. Dire qu’Ulver œuvrait dans le black metal pur et dure il y a encore trois ans ! Il n’en est bien sûr plus question maintenant. D’ailleurs, les Norvégiens font –ils toujours du metal ? La réponse est claire et sans appel : non. Mais est-ce à dire que Perdition City est dénué d’intérêt ? Trois fois non, car le talent de Garm (désormais planqué sous le pseudonyme de Trickster G.) et de ses compagnons demeure intact. Judicieusement sous–titré « Music To An Interior Film », cet opus se présente en effet comme une sorte de bande originale de film (« Catalept reprend à ce titre la mélodie composée par Bernard Herrmann pour Psychose), essentiellement instrumentale donc, à écouter dans l’obscurité et en se vidant l’âme de tout ce qui la parasite habituellement.  


Bien que tourné vers le trip hop à tendance electro et privilégiant donc toute sorte de bidouillages électroniques, la musique d’Ulver conserve malgré tout une puissance organique qu’elle doit à une rythmique très présente (« Porn Piece Or The Scars Of Cold Kisses » et à l’utilisation d’un piano et d’un saxophone (« Lost In Moments »). Perdition city délivre une palette d’émotions d’une grande richesse, où prédomine cependant une mélancolie qui se dessine au fil des chansons. « The Future Sound Of Music », notamment, exsude une tristesse à fleur de peau, tandis que « We Are The Dead », aux confins de l’ambient, résonne d’échos fantomatiques. Une atmosphère nocturne et crépusculaire enveloppe ce disque qui entraîne l’auditeur dans une ville inquiétante et sans issue, véritable métaphore sur la mort. Mais son écoute attentive est propice à voir défiler des images diverses et personnelles et chacun est libre d’interpréter Perdition City à sa guise. En tout cas, Ulver a clairement largué les amarres en partance vers un univers qui n’appartient qu’à lui. Superbe. (2006) ⍖⍖⍖

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