KröniK | Moonsorrow - Varjoina kuljemme kuolleiden maassa (2011)

 

On sentait bien qu’avec Hävitetty uniquement composé de deux longues épopées pour près d’une heure de musique, Moonsorrow était en quelque sorte arrivé au bout de quelque chose. Aller au-delà se révélait (presque) impossible. Avec le EP Tulimyrsky, dont seule la reprise du « For Whom The Bell Tolls » de qui vous savez en justifiait l’achat, les Finlandais  ont montré qu’ils avaient clairement atteint leur limite, la composition fleuve donnant son nom à la galette s’étirant inutilement durant une demie-heure. Eux-même l’ont-ils ressenti ? Toujours est-il que outre le fait qu’un temps inhabituellement long sépare Varjoina Kuljemme Kuolleiden Maasa de Hävitetty (quatre ans), ce nouvel opus renoue avec une forme de Black Metal moins contemplative et basé sur une architecture certes toujours épique mais (un peu) plus ramassée dans le sens où cette fois-ci les pistes ne dépassent par, à une exception près, le quart d’heure. C’est toujours beaucoup mais pour Moonsorrow, c’est finalement assez peu. Ainsi cette sixième offrande se présente sous une allure plus traditionnelle, proche en cela de Verisäkeet, en moins âpre toutefois. Quatre expéditions, balisées par trois courts intermèdes instrumentaux, en constituent la moelle épinière. Sans surprise, Moonsorrow reste fidèle à sa majestueuse identité qui sent bon les fjords et les forêts éternelles. 

Malgré des claviers heureusement parcimonieux qui témoignent néanmoins que les Viking appartiennent bien à la famille Finntroll, la musique conserve toujours une certaine noblesse cependant que les cousins Sorvali, idéalement appuyé par le batteur Marko Tarvonen (October Falls), n’oublient jamais quelle chapelle ils exaltent. Bref, Varjoina… s’enfonce dans la steppe d’un Black Metal d’obédience païenne et grandiose nourri au grand et défunt Bathory époque Hammerheart et Twilight Of The Gods (les meilleurs donc). « Tahdeton », « Muinaiset », « Huuto » et « Kuolleiden Maa » sont de véritables pièces d’orfèvreries (surtout la dernière d’entre-elles) qui n’offrent leur précieuse intimité qu’après de multiples préliminaires. Bien qu’accessibles en dépit de leur durée que d’aucuns jugeront certainement excessive, il faut du temps pour les apprivoiser et goûter tous leurs trésors enfouis dans leurs replis gelés. Elles galopent à travers de vastes étendues mythologiques souvent vertigineuses toujours glacées, corsetées par la neige et battues par le souffle du Grand Nord. Moonsorrow livre donc ce qu’il sait faire de mieux. Prise de risque zéro peut-être, hormis de légères touches plus progressives sur « Tahdeton » en ouverture mais les Finlandais sont les seuls chez eux à parvenir à honorer le vrai paganisme sans sombrer dans le ridicule, bien que celui-ci ne soit parfois éviter que d’extrême justesse. L’essentiel est préservé et Moonsorrow reste le Viking triomphant quand bien même on préférait lorsqu’il braquait son regard vers la Norvège la plus noire, comme il l’avait fait avec Verisäkeet. (22.02.2011 | MW) ⍖⍖

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