KröniK | Asphyx - Death... The Brutal Way (2009)


Asphyx : ce nom ne dira peut-être pas grand chose aux gamins qui viennent à peine de perdre leur pucelage métallique. Certes, le groupe n'aura connu que sept ans de silence radio depuis son split en 2000, mais son âge d'or s'étant tenu lors de la première moitié des années 90, entre 1991 et 1994 pour être précis, ceci explique pourquoi la résurrection des Hollandais ne parlera qu'aux vieux cons qui ont vécu, les mains moites, les débuts du death metal. La trilogie constituée des The Rack (1991), Last One On Earth (1992) et Asphyx (1994) ont en leur temps contribué à dessiner le son brut du death européen. Autour de son emblématique chanteur, Martin van Drunen (ex-Pestilence, Bunkur, Bolt Thrower), lequel a pourtant quitté le navire en 1993, Asphyx s'est donc reformé il y a deux ans. Néanmoins, ce n'est pas sous son line-up "classique" qu'il l'a fait car le guitariste Eric Daniels n'y prend pas part, remplacé par Paul Baayens, acolyte du vocaliste au sein de Hail Of Bullets. En revanche, la batterie est bien assurée par l'un des fondateurs du groupe, Bob Bagchus. Death... The Brutal Way, qu'il ne faut pas confondre avec le EP presque homonyme dont le collectif s'est délesté l'an dernier et qui ne comprenait que deux titres ("Death... The Brutal Way" et la reprise de Celtic Frost "Os Abysmi Vel Daath"), voit enfin le jour. Au programme, dix saignées  d'un death metal old-school vicieux et rampant qui font mal aux muqueuses, enténébrées par une production âpre et grisâtre qui leur sied à merveille (le mixage a été confié au grand Dan Swanö). 


Ce que Hail Of Bullets est parvenu à réaliser avec son ... Of Frost And War, à savoir recapturer cette "vibe" unique, ciment des premiers groupe du genre, Asphyx le réussit encore davantage, au point que l'on a l'impression que cet album a été composé et enregistré il y a presque vingt ans, sans pour autant paraître daté ! Lourd comme un blockhaus, malsain et organique, Death... The Brual Way alterne avec la puissance de feu d'un char allemand, blitzkriegs rapides et fiévreuses et mid tempo aux allures de forteresses imprenables. Dans le premier camp, citons les "Eisenbahnmörser" (déchiré par des décélérations implacables), le gigantesque "Scorbutics", qui met tout le monde d'accord en ouverture des hostilités, "Bloodswamp" et sa longue entame étouffante sans oublier le grandiose et ultra pesant "The Herald", émaillé d'un solo d'une gravité sourde absolument superbe. Pour le second, il y a le quasi doom "Asphyx II", sur lequel van Drunen chante avec ses trippes comme si demain ne devait plus exister et atteint des sommets de noirceur haineuse, "Cape Horn", longue campagne sanglante dont les riffs trempent dans une rouille épaisse et l'instrumental final, "The Saw, The Torture, The Pain". Mention spéciale aussi à "Black Hole Storm", et ses étonnantes notes de piano aux accents funéraires en guise de prologue et l'incisif "Riflegun Redeemer" qui débute dans une chape de plomb avant de s'emballer quand bien même il est fissuré par un break qui donne tout son sens au mot "heavy". Une réussite exemplaire et certainement l'un des meilleurs albums de death metal sorti il y a longtemps. Une question toutefois : quel est l'intérêt pour Martin van Drunen et Paul Baayens de mener de fronts deux groupes - Asphyx et Hail Of Bullets - dont les différences stylistiques se révèlent au final des plus floues ? (2009 | LHN) ⍖⍖⍖

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