KröniK | Baker Gurvitz Army - Hearts On Fire (1976)


Archéologue du (Hard) Rock, le label Esoteric Recordings vient de déterrer de la terre britannique où il gisait depuis très longtemps, ce Hearts Of Fire, troisième et dernier opus de Baker Gurvitz Army, groupe aujourd’hui totalement oublié hormis peut-être d’une petite poignée d’exégètes des années 70, et qui partage avec West, Bruce & Laing nombre de points communs. Tous les deux sont des descendants du légendaire Cream (via le bassite Jack Bruce et le batteur Ginger Baker) dont ils ont repris la formule magique du power trio, et ont connu une carrière aussi éphémère que précieuse. Mais, contrairement à West, Bruce & Laing dont les deux (superbes) albums studio et le Live ont déjà eu droit à une édition CD (maigrelette il est vrai), la formation qui nous intéresse cette fois-ci n’avait pas eu jusqu’à présent cette chance. C’est donc chose faite et bien faite, suivant les (bonnes) habitudes du label. Sachez enfin pour clore cette rapide présentation que, formé en 1974 et sabordé deux ans plus tard, Baker Gurvitz Army, outre l’ex Cream, est composé des deux frères Gurvitz, Adrien et Paul, connus pour avoir participé à The Gun à la fin des années 60. Comme l’indique l’analyse au Carbone 14, Hearts Of Fire a été gravé en 1976 sous la houlette de Eddie Offord, producteur réputé au sein de la chapelle progressive pour avoir assuré la prise de son de pépites telles que Tarkus (Emerson, Lake & Palmer), Fragile ou bien encore Relayer (Yes). 


Après un premier essai éponyme assez dur, le groupe y poursuit et achève une évolution vers une musique plus Rock que Hard, direction déjà perceptible sur Elysian Encounter. Le fait qu’autour du trio se soient greffés pour l’occasion plusieurs intervenants, dont un chanteur et des claviéristes maniant Hammond et autre Mini Moog, n'est sans doute pas étranger à ce polissage. En effet, si certains titres se veulent assez vigoureux, citons notamment les "Hearts Of Fire", "My Mind Is Healing" et "Flying In And Out Of Stardom", la majorité du menu que complète une piste live en guise de bonus ("Wotever It Is"), oscille entre Blues lancinant ("Thirsty For The Blues", "Neon Lights"), petites perles feutrées ("Tracks Of My Life") et compositions plus ambiancées qui s’avèrent aussi être les plus intéressantes. Si "Dancing The Night Away", par ailleurs zébré de claviers proches d'un Jon Lord (époque Deep Purple Mark III et IV), se voit enrichi d’un parfum quasi symphonique du plus bel effet, "Smiling" bénéficie d’un rythme chaloupé entêtant cependant que "Night People" mêle atmosphère langoureuse et guitare acérée. Piloté par la batterie dynamique et instinctive de Ginger Baker, ce Hearts Of Fire (enfin) dépoussiéré se révèle être un très solide album de Rock comme les Anglais en maîtrisaient la recette durant cette époque reculée mais tellement foisonnante et dont on se demande pourquoi il a sombré par la suite dans les oubliettes de la mémoire. La courte vie de celui-ci l’explique peut-être. On ne remerciera par conséquent jamais assez Esoteric Recordings pour nous avoir permis, grâce à son louable travail d’orpaillage, de (re)découvrir ce petit bijou qui n’a pas (trop) souffert des affres du temps. (27.06.2011 | MW) ⍖⍖

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