KröniK | Hexvessel - When We Are Death (2016)


Alors qu'il lui était fidèle depuis ses débuts, Hexvessel a quitté Svart Records, label au sein duquel il était pourtant parfaitement à sa place, entre Sammal, Seremonia et Uhrijuhla, pour rejoindre le giron du plus puissant Century Media. Si ce choix peut sembler naturel après le succès Grave Pleasures (ex-Beastmilk), l'autre groupe du chanteur Matt McNerney, plus connu sous le sobriquet de Kvohst, il est tout de même permis de se demander s'il est vraiment opportun sinon judicieux pour un projet aussi singulier de sceller une alliance avec une écurie d'une telle dimension alors que l'art des Finlandais de par sa nature aussi précieuse qu'intimiste paraît devoir conserver une aura de mystère, de trésor connu d'une poignée. Pour autant, devions-nous réellement craindre une perte d'identité voire d'inspiration, possible corollaire de ce changement contractuel ? Cette troupe bigarrée est trop intelligente pour cela. Est-ce à dire toutefois que sa signature n'a pas évolué depuis l'EP Iron Marsh, publié en 2013 ? Non plus. De fait, malgré l'étiquette psychedelic Forest Folk  accolée à When We Are Death, cette seconde offrande se révèle bien différente de sa devancière, No Holier Temple, voyage à la fois progressif et quasi chamanique à travers la sente contemplative d'une forêt mystique. 


L'absence au menu de ce nouvel opus de longues échappées résume bien un glissement vers une musique moins évolutive, d'un abord plus direct et tout simplement plus rock, même si elle se pare toujours de teintes étranges et bucoliques. Bien sûr, à elle seule, la voix puissamment émotionnelle de Kvohst suffit à arrimer l'album à ses deux aînés, tant celle-ci demeure reconnaissable entre mille. Mais, aux atmosphères forestières, When We Are Death préfère répandre un tapis soyeux d'effluves seventies voire même sixties, à l'image de 'Mushroom Spirit Doors' par exemple. Hantée par un orgue volubile, véritable clé de voûte de l'édifice au même titre que les lignes vocales, l'œuvre déroule une variété de traits comme de touches qui peut de prime abord surprendre sinon décontenancer. Rien que les trois premiers titres renvoient une impression dépareillée, morcelée, entre l'étonnant et pulsatif 'Transparent Eyeball' dont les notes de claviers nous basculent d'emblée plus de quarante ans en arrière, le curieux 'Earth Over Us', qui mêle ambiance feutrée, trémolo façon crooner à la Chris Isaak et guitare nourrie au psychédélisme antédiluvien ou 'Cosmic Truth', respiration déchirante de beauté d'une touchante sobriété en dépit d'arrangements superbes, que hantent des notes de piano grêles. Clairement, l'opus a quelque chose d'un puzzle dont les diverses pièces s'imbriquent peu à peu et non sans difficulté. Eclatée, ce n'est qu'une fois achevée que l'image d'un ensemble finalement harmonieux quoique déglingué prend forme et vie, une vie teintée d'un douloureux désespoir, à l'image du poignant 'Teeth Of The Mountain'. Plus l'écoute avance, progresse vers une fin qu'on devine funèbre ('Hunter's Prayer'), plus cette tristesse envahit l'espace, parfois légère ('Drugged Up On The Universe' aux claviers magnifiques), parfois plus anesthésiante ('Green Gold'). Et bien qu'il ait évolué, mu(t)é, Hexvessel conserve toute sa singularité, accouchant encore d'une œuvre au caractère unique. (17.01.2016 | MW) ⍖⍖⍖

                                     

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