KröniK | Mastodon - Blood Mountain (2006)


C’est un euphémisme que de prétendre que nous attendions ce nouvel album de Mastodon avec impatience, surtout après l’immense claque que fut Leviathan il y a deux ans. Or la première écoute  de Blood Mountain laisse une impression mitigée. Denses, violentes, ultra-techniques, les chansons aux allures de missiles SS 20 propulsées par une production énorme du feu de dieu, défilent sans s’imposer dans notre esprit. Elles impressionnent, à l’image de la performance des quatre monstres agrippés à leur instrument, à commencer par le batteur Brann Dailor, dont le jeu bave de partout, et ce, dès le premier titre  « The Wolf Is Loose » ;  nous rassurent aussi, en dépit de la présence de Josh Homme (Queens Of The Stone Age, est-il besoin de le préciser ?) sur le néanmoins excellent « Colony Of Birchmen », quant à l’intégrité du groupe, que beaucoup avaient sérieusement remise en doute depuis sa signature sur le géant Warner ; mais déçoivent par rapport aux leurs aînés figurant sur Remission et Leviathan. Puis peu à peu, le disque commence à faire son trou et à séduire. Le monumental « Sleeping Giant » et son intro démentielle quasi progressive, y aide beaucoup, de même que les pans les plus atmosphériques (« This Mortal Soil », « Siberian Divide »). 


Plus mélodiques, plus accessibles qu’autrefois (« Pendulous Skin » et ses claviers seventies), bien que toujours aussi puissants, sans doute moins furieux également, même si des bombes de l’acabit de « Crystal Skull », « Capillarian Crest », « Circle Of Cysquatch » ou bien « Hunters Of The Sky » pulvérisent tout sur leur passage. Elles sont comme Attila ; l’herbe ne repousse pas sur leur sillage, ces titres prennent leur distance avec le hardcore des débuts pour accoster sur la terre d’un thrash progressif, comme l’a taillé Metallica en son temps avec des compos telles que « The Call Of Ktulu » ou « Orion ». Un metal qui associe donc le violence et la technicité, la rage et la beauté, la vitesse et les harmoniques typiquement heavy. Il suffit d’écouter le délirant instrumental « Bladecatcher » pour s’en convaincre et se rendre compte au degré de maîtrise auquel est parvenu Mastodon. La grande force du groupe réside aussi dans sa capacité à tout résumer en l’espace de 4-5 minutes, pas plus. Ces titres, que parent par moment une vraie mélancolie, sont ramassés, leur tension canalisée afin de mieux exploser quand il le faut, mais cachent un travail de composition titanesque.  Plus que jamais, Les Américains incarnent le thrash des années 2000, renvoyant à leurs chères études tous les briseurs de tympans de la Bay Area. Bien que s’inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, Blood Mountain trace son propre chemin et ce faisant, confère à la musique de ses géniteurs, une nouvelle dimension. (22.09.2007) ⍖⍖⍖

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