Que faire quand on a jadis enfanté un des disques les plus rentables de l’histoire de la musique et que le succès n’est désormais plus au rendez-vous ? Ce n’est pas très imaginatif, mais on décide d’offrir une suite à l’album qui nous a imposé. Voilà à quoi a pensé Meat Loaf, chanteur charismatique qui se confond avec son groupe éponyme, lorsqu’il a choisi de mettre en chantier une séquelle à Bat Out Of Hell, sa plus grosse (et unique ?) réussite. Chantre d’un hard rock baroque, flamboyant et pompier, l’homme, aidé de nouveau par Jim Steinman a accouché d’un monstre, sorte de croisement entre la comédie musicale américaine et un metal US bigger than life. De part sa démesure et son contenu musical que d’aucuns jugeront d’un autre âge, Bat Out Off Hell II est une œuvre anachronique, car publiée en plein explosion grunge, courant éphémère dont ses représentants ont mis un coup de pied aux culs (ce que l’on peut regretter) au hard des eighties et à tous les clichés qu’il véhiculait. Avec ses longs titres pompeux, souvent rehaussés de chœurs féminins, ses mélodies parfois téléphonées, ses ballades poignantes conduites par un piano à la Elton John (« Objects In The Rear View Mirror May Appear Closer Than They Are », « Lost Boys And Golden Girls »), mais dont n’est pour autant jamais exclue une certaine noirceur, ce second volet (il y en aura trois en tout) semble s’être égaré au milieu des crachats de Nirvana et autre Pearl Jam.
C’est pourquoi, en dépit de son succès public, notamment grâce au monumental « I’d Do Anything For Love », cet opus aura généralement été considéré avec beaucoup de condescendance, de snobisme, voire (au mieux) d’indifférence polie. Pourtant, Bat Out Hell II a aussi ses défenseurs, qui le juge bien supérieur à son aîné et non pas daté mais tout simplement intemporel car les bonnes chansons, elles, restent toujours. Et à l’heure où le grunge a déserté les écrans radars (on ne s’en plaindra pas), des brûlots épiques et grandioses chargés d’arrangements (saxophone, orchestrations, cornemuse…), magnifiés par le chant grandiloquent de Meat Loaf, artiste mégalomane complet comme seuls les Etats-Unis peuvent en donner naissance, de la trempe de « I’d Do Anything For Love », « Life Is A Demon And I Want My Money Back » - le meilleur du lot -, « Everything Louder Than Everything Else » ou « Good Girls Go To Heaven » résistent quant à eux aux affres du temps. Œuvre fleuve, belle et mégalomane, Bat Out Of Hell II se doit d’être réhabilitée d’urgence. (16.09.2007) ⍖⍖⍖
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