Pourrons-nous un jour, nous balancer un nouvel album de Y & T (ça sera chose faite en 2010), groupe culte américain des années 80, assimilé un peu à tort (ou un peu trop vite) au Hair Metal, entre les cages à miel ? Rien n’est moins sûr. D’aucuns argueront que, vu la piètre qualité de ses derniers opus, ce n’est pas plus mal. Mais ceux qui ne peuvent s’empêcher de verser une larme de nostalgie en repensant à des bombes comme Earthsaker et surtout l’inégalé Black Tiger, ceux-là se réjouiront de la sortie de cet album solo de Dave Meniketti, l’incontestable leader de la formation US. Et ils ont raison car, même si l’homme se prend parfois un peu trop pour Gary Moore, il y a quand même beaucoup de Y & T dans ce On The Blue Side suintant le feeling par tous les pores. Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement avec une voix aussi typée et un jeu de gratte aussi jouissif ? La signature, tant vocale que musicale de Meniketti s’avère immédiatement identifiable, et c’est ce qui fait tout le charme de cette galette, qui ressuscite à sa manière le grand Y & T, lors de ses envolées les plus bluesy. Car, c’est bien de blues dont il s’agit, un blues, certes musclé, burné (la reprise survitaminée de James Brown, « Man’s World »), mais du blues quand même.
Secondé par des pointures de l’acabit de Jimmy DeGrasso (batterie) ou Myron Dove (basse), Dave se déchire avec sa six cordes. Elle pleure, elle hurle, répandant un torrent d’émotions à en avoir des frissons, comme sur le magistral « Loan Me A Dime » ; dix minutes d’orgasme qui vous font toucher du doigt le septième ciel ; ou bien encore les bouleversants « Until Next Time », « Say Goodbye » et « Take Like A Man ». Sur ses propres compos ou sur des reprises bien senties (« Parchman Farm »), Meniketti se fait plaisir et ce faisant, brille de mille feu ; il démontre par là même quel musicien extraordinaire – et sous estimé – il est. Loin, très loin du glamouze metal des années 80 avec ces mecs sapés et maquillés comme des putes du Bois de Boulogne, le guitariste est un artiste, un vrai ; sincère et talentueux. On The Blue Side devrait ravir les admirateurs du Gary Moore dernière période. Néanmoins, ce serait un raccourci fâcheux de seulement limiter Dave à un clone de l’Irlandais, car là où ce dernier, qui rêve de devenir le bluesman qu’il ne sera jamais totalement, sombre parfois dans un intégrisme bluesy certain, l’Américain sait ne pas trop s’éloigner du hard rock. Bien lui en prend ; ce disque est là pour l’illustrer. (05.09.2007) ⍖⍖⍖
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