KröniK | Black Birch - 12'' EP (2023)


Ils sont deux à faire beaucoup de bruit (mais pas pour rien), duo suédois mâle/femelle. Lui, Ulf Blomberg, assure guitares, basse et batterie. Elle, Gina Wicklund, tâte aussi du manche mais gueule surtout dans le micro, hurle, éructe, vomit sa bile comme si demain ne devait plus jamais exister. Ce qu'elle fait également au sein de Gasp, trio quant à lui 100% féminin macérant dans le pus d'un hardcore furieux aux coutures punk. Cette précision n'est pas anodine car, bien qu'étiquetée black atmo, la musique martelée par Black Birch n'est pas tellement atmosphérique (ou alors dans ses rares moments d'accalmie, nous y reviendrons). Au contraire, organique et bourrue, cendreuse et tendue, celle-ci bouillonne dans une bauge de violence épidermique, noircie au crust, qui doit finalement plus au hardcore qu'au pur black metal. Certes, de l'art noir, le duo tire ces riffs sévères aux allures de bunkers grisâtres ('Soil') et trouant parfois, il est vrai, des paysages tavelés d'une beauté certaine, d'une fragilité même, à l'instar des dernières mesures de 'Birth' ou des fissures qui lézardent un 'Death' néanmoins des plus tumultueux. 


Reste que ses vocalises biberonnées au Destop, ses éruptions de brutalité et sa noirceur poisseuse et cette tension qui grouille dans ses entrailles l'en éloignent quand bien même arrimer Black Birth à l'école hollandaise (Ultha) ou à certaines formations belges (Wiegdood) ou suisses (Ernte) n'a rien d'absurde. Le cadre est donc posé, âpre et radical. Et sans concession, sauf à de parcimonieuses échappées qui viennent heureusement aérer des compositions qui ont quelque chose de blocs de matière brute. Petite bestiole dont les quatre saillies agglomérées ne franchissent que de peu la barre des vingt minutes au jus, ce premier EP n'a pourtant pas besoin de plus pour tout à la fois faire saigner les muqueuses, remuer les boyaux à la manière d'une coloscopie un peu rude et surtout d'en prendre davantage dans le ventre et dans la gueule tant il dresse une turgescence aussi enragée que méphitique. Ce crachat confirme enfin et si besoin en était encore que les mecs n'ont décidément pas (ou plus) le monopole de la violence. Aucune trace de douceur n'émane d'une chanteuse atrabilaire, exaltée dans sa féroce véhémence. On peut l'annoncer sans prendre trop de risque que Black Birth n'en restera sans doute pas là, à ce premier rôt dont les remugles abrupts quoique non dénués d'une beauté fugace et souterraine résonnent comme la promesse d'uppercuts à venir plus rageurs et nihilistes encore. (06.08.2023) ⍖⍖⍖

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