KröniK | Harmagedon - Dystopian Dreams (2023)


Fort d'un riche catalogue axé avant tout sur le doom ou le rock progressif, il peut paraître surprenant que Svart Records ait jeté son dévolu sur Harmagedon et son death crust à des années-lumière des groupes qu'il signe d'ordinaire, à fortiori s'agissant d'un jeune pousse dont Dystopian Dreams n'est que le premier rôt. Qu'est-ce que ces Suédois possèdent qui a attiré les oreilles de l'écurie finlandaise ? Il y a deux raisons principales à cela. Déjà, formation débutante certes, Harmagedon n'est pour autant pas constitué de quelques puceaux inconnus. Tim Rosenquist (chant et guitares), Jens Bäckelin (batterie) et Magnus Berglund (basse) ont quelques années au compteur, les deux premiers au sein de Martyrdöd, le troisième avec Freedom. S'il est curieux de voir évoluer ce dernier dans un style très éloigné de la pop psyché qu'il a pour habitude de tricoter, contrairement à ses deux compagnons qui eux ne désertent pas leur terrain de jeu, cette triplette de musiciens aguerris est un incontestable gage de qualité et l'assurance d'une épaisse tranche de plomb, rugueuse et bourrue. Que Fred Forsberg (Mass Worship) et l'incontournable Magnus Lindberg (Cult Of Luna) lui aient prêté main forte pour la fabrication ajoute à l'intérêt et la curiosité que ce groupe ne peut qu'éveiller. 


La seconde raison, la plus importante aussi, tient au fait que Dystopian Dreams est tout simplement une sacrée tuerie, concentré couillu de ce death crust typiquement suédois. Avec beaucoup de guitares sales comme le flot menstruel dedans. Sans oublier ce chant bilieux biberonné au Destop. Brutal et renfrogné comme de bien entendu mais donnant envie de taper du pied, ce galop d'essai ne sacrifie pourtant jamais vraiment le sens de l'accroche mélodique sur l'autel d'une violence furieuse. De parcimonieuses touches bluesy ('Full Circle'), d'autres échappées des années 70 ('Controlled Chaos') aèrent avec bonheur une rondelle qui doit donc autant à la force granuleuse du tandem Rosenquist / Bäckelin qu'aux accents plus rock et lumineux apportés par Berglund. C'est ce mélange bigrement efficace et jouissif qui fait tout le sel de Dystopian Dreams, qui accouplent saillies énervées et coups de boutoir rampants, le tout nimbé d'un ravageur vernis mélodique. C'est (trop) court (moins de trente minutes) mais suffisant pour comprendre que Harmagedon a du potentiel à revendre, davantage même que Martydöd par ailleurs ! Les Suédois seraient donc bien inspirés de poursuivre sur leur lancée et de ne pas condamner ce projet à un simple one shot aussi redoutable soit-il... (16.10.2023) ⍖⍖⍖

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