Au sein de la filmographie joyeusement bordélique de Jean-Pierre Mocky, les films obscurs ne manquent pas, au nombre desquels figure en bonne place Le roi des bricoleurs. Son auteur lui-même le considérait comme son plus mauvais film et son exploitation commerciale fut d'ailleurs quasi inexistante, retiré des salles au bout d'une semaine. Il est vrai que cette grosse farce, plus foutraque que dénonciatrice, n'est pas très heureuse, tournant à vide et animée par des comédiens en roue libre. Résultat, en dépit de sa courte durée (moins de 70 minutes), Le roi des bricoleurs finit rapidement par lasser, épuisant même les bonnes volontés.
Réduit à une succession de scènes bricolées à la va-vite, prétexte à un défilé de gueules bizarres ou pittoresques, le film bénéficie néanmoins du rythme frénétique que lui imprime le réalisateur et d'un Michel Serrault aussi savoureux que délirant en maire entrepreneur dont la cape qui le drape lui confère des allures de méchant extrait d'un roman-feuilleton d'autrefois. Dans ses (rares) meilleurs moments, le métrage renoue avec la folie iconoclaste de La grande lessive (1968) ou de L'étalon (1970). La séquence où le ministre visite la baraque dont le délabrement est masqué par Sim et son équipe de bras cassés, est assez cocasse. Bref, Le roi des bricoleurs est du Mocky pur jus, parfois de mauvais goût, souvent absurde mais toujours rigolo, singulier et, même en mode (très) mineur, plus jubilatoire que toute la production française actuelle minée par le conformisme bien-pensant... (10.10.2022) ⍖⍖
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