KröniK | Mourners Lament - Unkroken Solemnity (2008)


Si au black metal, lequel avance rarement déguisé – avec tous les clichés qu’il collectionne souvent (pochette des bois, logo illisible, faces de panda grimées à la truelle, bracelets à clous…), on le voit venir de loin, le lascar -, l’adage « l’habit ne fait pas le moine » ne sied guère, il ne convient pas davantage au doom qui lui aussi se repère généralement assez vite. Prenez par exemple Mourners Lament : son patronyme et sa pochette illustrée par un ange suggèrent d’entrée que l’on tient un groupe de doom death à l’anglaise. Gagné. En revanche, géographiquement, nous en sommes très loin. En effet, Mourners Lament a son QG au Chili, à Santiago plus précisément, fief de Mar De Grises, dont on retrouve, comme par hasard, deux membres, le guitariste et le bassiste, à la barre de ce nouveau projet monté en 2004 et qui livre avec Unkroken Solemnity, son premier rot. Comme chez son aîné, ce qui n’est qu’un EP (de plus de 30 minutes tout de même pour seulement trois pistes), dresse une vraie cathédrale de tristesse. 

Seulement, les fondations sur lesquelles elle repose se révèlent un peu différente car, loin du funeral doom d’une densité extrême aux confins du progressif sculpté par Mar De Grises, Mourners Lament plonge donc ses racines dans la terre britannique battue par le vent et la pluie, celle des ancêtres My Dying Bride et le old Anathema. Le son granitique en témoigne, de même que les lignes de guitares, pétrifiées et obsédantes. Pour autant, l’auditeur attentif ne manquera pas de relever également des similarités bien naturelles entre les deux groupes : le chant emphatique, certaines accélérations (« Unbroken Solemnity ») et quelques lignes à la six cordes nous les rappellent. Au regard de la réussite incontestable de cette mise ne bouche, on se doute bien que ses géniteurs ont du métier et connaissent leur manuel « le Doom de A à Z » par cœur, comme l’illustre sa pièce maîtresse, le bien nommé « Sadness Caress », longue plage étouffante minée par une lenteur lancinante au point d’en être presque insupportable et dont la dernière partie a quelque chose  d’une procession funéraire interminable, étirée à l’extrême, qui s’enfonce peu à peu dans les abîmes. Les frappes du batteur sont les cloches qui sonnent le glas, semblent résonner tels les derniers battements de cœur du supplicié tandis que les riffs d’un désespoir plombé vous entraînent dans la tombe. Amen. Une découverte riche en promesses dont on espère qu’elles seront tenues… (2008) ⍖⍖⍖

Commentaires

Random posts

Index

Plus d'éléments

Goddess

Accueil